Les toiles de Pablo Picasso ("Pigeon aux petits pois"), Henri Matisse ("La pastorale"), Georges Braque ("L’olivier près de l’Estaque"), Fernand Léger ("Nature morte, chandeliers") et Amedeo Modigliani ("La femme à l’éventail") ont disparu.
PARIS (AFP) - Cinq tableaux de maîtres, dont un Matisse et un Picasso, estimés par la mairie de Paris à environ 100 millions d’euros, ont été volés dans la nuit de mercredi à jeudi au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, lors d’un casse qui relance la question de la sécurité dans les musées français.
Selon le maire de Paris Bertrand Delanoë, un "dysfonctionnement partiel" du système d’alarme dans une partie du musée avait été constatée depuis le 30 mars mais aucune réparation du système n’avait pu être réalisée. Il s’est déclaré "particulièrement attristé et choqué de ce vol, une atteinte intolérable au patrimoine culturel universel de Paris".
Une première évaluation, de source judiciaire et de sources proches de l’enquête, avait fait état d’un préjudice de 500 millions d’euros, montant ramené par la suite par la mairie de Paris et une source judiciaire à une fourchette de 90 à 100 millions d’euros.
La disparition des toiles de Pablo Picasso ("Pigeon aux petits pois"), Henri Matisse ("La pastorale"), Georges Braque ("L’olivier près de l’Estaque"), Fernand Léger ("Nature morte, chandeliers") et Amedeo Modigliani ("La femme à l’éventail") a été constatée vers 06H50.
Les responsables ont vu qu’une fenêtre du musée, situé 11 avenue du président Wilson (XVIe), avait été brisée et un cadenas cisaillé. Un enregistrement des caméras de surveillance du musée montre qu’une personne s’était introduite dans l’établissement par une fenêtre.
Des spécialistes de police scientifique et technique ont relevé des indices sur la fenêtre fracturée située côté Seine. Ils ont emballé des cadres de tableaux vides, ce qui laisse supposer que le ou les voleurs ont découpé les toiles avant de les emporter.
Selon une source judiciaire, les tableaux volés se trouvaient dans plusieurs salles du musée.
La brigade de répression du banditisme a été saisie de l’enquête. La police s’est inquiétée à plusieurs reprises des défauts de protection des musées, notamment à Paris.
Sur les portes d’entrée en bronze du musée une affiche annonce la fermeture de l’établissement "pour des raisons techniques".
Sitôt le vol connu, le signalement et la photo des tableaux ont été diffusés, comme l’exigent les procédures en la matière, sur toutes les bases de données policières existantes dans le monde, via Interpol.
L’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), service de police judiciaire spécialisé, depuis 1975 dans ce domaine, alimente une base de données, baptisée Treima (Thesaurus de recherche électronique et d’imagerie en matière artistique), qui recense environ 80.000 images d’oeuvres d’art disparues.
Interpol, de son côté, tient une base identique recensant à ce jour plus de 35.000 images des "oeuvres d’art les plus recherchées dans le monde".
Comme c’est le cas à chaque vol d’oeuvres d’art de grande valeur, les policiers vont s’intéresser à plusieurs pistes, comme celle du vol au profit d’un très riche collectionneur ou à celle d’un chantage à l’assurance (argent contre restitution des toiles).
Le Musée d’art moderne de la Ville de Paris est situé dans l’aile est du Palais de Tokyo, bâtiment de style Art Déco construit pour l’Exposition internationale des arts et des techniques de 1937.
Ouvert en 1961 et enrichi régulièrement grâce à des donations, le musée abrite plus de 8.000 oeuvres illustrant les divers courants de l’art du XXe siècle (fauvisme, cubisme, Nouveau Réalisme ...).