April Benayoum, Miss Provence, a été visée par des tweets antisémites durant la dernière élection de Miss France. Après enquête, 8 internautes ont comparu devant le tribunal.
A l’issue du concours de beauté Miss France le 19 décembre 2020, April Benayoum, Miss Provence, a été élue la première dauphine, rappelle le journal 20 Minutes. La fête a été de courte durée pour elle, puisque la jeune femme de 22 ans a été la cible de tweets antisémites sur le réseau social, après avoir évoqué les origines israéliennes de son père.
Les tweets ont été signalés au procureur de la République de Paris et une enquête a été ouverte. Neuf mois après les faits, 8 internautes ont comparu devant la 17e chambre du tribunal judiciaire de Paris mercredi 22 septembre.
Le soir des faits, le réseau social Twitter a été vivement critiqué pour son manque de modération. Il a toutefois collaboré avec les enquêteurs de la BRDP (Brigade de répression de la délinquance contre la personne). Quatorze comptes ont fait l’objet d’investigations et les policiers ont pu identifier huit suspects majeurs. Ces derniers : quatre hommes et quatre femmes, âgés de 20 à 58 ans, sont originaires de France. Ils ont été placés en garde à vue au mois de mai dernier.
Rayanne M., 23 ans, a écrit "Comment on fait pour voter contre une miss ? Je vote contre la Juive". Ahmet I., âgé de 21 ans, a qualifié la Miss Provence de "chienne". La doyenne des prévenus a de son côté, publié une image d’Adolf Hitler accompagné d’un tweet : "Moi, quand j’ai entendu les origines de #MissProvence". Ces accusés ont été désormais renvoyés devant le tribunal judiciaire, et encourent une peine d’un an de prison et 45 000 euros d’amende.
Me Muriel Ouaknine Melki, présidente de l’Organisation juive européenne (OJE) et avocate pénaliste, a indiqué que cette affaire a eu pour effet de "mettre sous le feu des projecteurs l’antisémitisme ordinaire, subi au quotidien par plusieurs citoyens français de confession juive".
Son association réunit une cinquantaine d’avocats et propose un soutien juridique et bénévole aux victimes d’actes antisémites.
L’avocate a alerté que les dossiers, liés à la haine en ligne sont de plus en plus nombreux. Elle a également précisé que l’enjeu de ce type de procédure réside dans le caractère dissuasif des peines prononcées. "La justice a un rôle à jouer, elle est aussi un vecteur de paix sociale", a-t-elle indiqué.