Près de deux ans après les premières révélations d’emplois fictifs visant François et Penelope Fillon, les juges ont ordonné leur renvoi devant le tribunal.
D’après Le Monde relayé par Europe 1, l’ancien Premier ministre François Fillon, son épouse Penelope et son ex-suppléant Marc Joulaud comparaîtront devant le tribunal. Vendredi 19 avril, les juges d’instruction chargés de l’enquête ont rendu une ordonnance demandant le renvoi devant le tribunal correctionnel. Cette ordonnance de renvoi intervient plus de deux ans après les premières révélations faites par Canard enchaîné sur les soupçons d’emplois fictifs.
Cette décision des juges suit la réquisition du parquet national financier ou PNF pour un procès du couple en janvier. L’ancien Premier ministre est renvoyé au tribunal pour plusieurs motifs. Il est accusé de détournement de fonds publics, recel de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et manquement aux obligations déclaratives de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.
Son épouse est présumée coupable de complicité et de recel de détournement de fonds publics et recel d’abus de biens sociaux. Quant à Marc Joulaud, il est aussi accusé de détournement de fonds publics.
Pour des faits de 1981 à 2013, le montant des sommes détournées s’élève à plus d’un million d’euros. Pour convaincre les juges de la réalité du travail de Penelope Fillon auprès de son mari, les avocats ont fourni plusieurs documents. Mais les juges n’ont pas été convaincus. Au contraire, les documents confirmaient l’abus de langage consistant à qualifier de travail de collaborateur parlementaire la plus anodine de ses activités.
Au sujet de l’emploi de l’épouse de François Fillon auprès de Marc Joulaud à l’Assemblée nationale, les juges ont estimé que "rien ne signalait sa participation aux activités qui auraient dû être au cœur de son emploi de collaborateur parlementaire". Penelope Fillon semblait totalement étrangère au traitement des demandes d’interventions locales adressées au député, ont-ils continué. Ils ont affirmé qu’elle n’était pas en copie des courriels échangés pour l’organisation des visites de Sarthois à l’Assemblée nationale.
Auprès de l’AFP, Antonin Lévy, l’avocat de l’ancien Premier ministre a regretté que la presse ait reçu cette ordonnance avant même qu’elle ait été notifiée à son client et à sa défense.
"Cela démontre l’état d’esprit dans lequel toute cette enquête a été conduite et nous réagirons sur le fond quand nous aurons pu prendre connaissance de ce document", a-t-il signifié. Il y a une nouvelle violation du secret de l’instruction a noté de son côté Pierre Cornut-Gentille, avocat de Penelope Fillon.