Victime de viol de la part d’une camarade, elle se retrouve contrainte de quitter l’établissement, alors que c’est son agresseuse qui aurait dû en subir les conséquences.
Stéphanie, la mère de Caroline, est encore sous le choc de ce qui est arrivé à sa fille l’an dernier, à seulement 7 ans. Caroline a révélé avoir été violée à plusieurs reprises par une camarade de classe à Pantin, en Seine-Saint-Denis. La petite fille s’est confiée à son instituteur après avoir été bloquée dans les toilettes par Rose, une camarade qui avait déjà montré un comportement un peu envahissant. L’agresseuse lui aurait forcé à enlever sa culotte et lui a même mis "les doigts dans la zézette." Caroline a décrit les agressions et les menaces proférées par Rose. La fillette avait également été examinée par un médecin avant ces révélations, sans qu’une cause soit identifiée pour ses symptômes.
Le médecin signale d’urgence l’affaire au procureur, mais l’école adopte une attitude différente. Lors d’une rencontre avec la directrice, les parents décrivent une minimisation des faits. La directrice semble plus préoccupée par l’horaire des faits que par leur gravité. Elle affirme que c’est parole contre parole et que ce sont des enfants. Elle refuse de séparer les enfants et argue que cela relève de la justice. Les parents se voient même proposer de changer Caroline d’école, ce qui est jugé inacceptable puisqu’elle est la victime. Bien qu’un guide du ministère recommande de changer l’élève agresseur d’école et de laisser la victime dans sa classe, ce guide semble rarement suivie. Caroline reste donc dans le même établissement que son agresseuse pendant des mois avant que ses parents, découragés, ne la transfèrent dans une autre école.
Poursuite des harcèlements
Malgré le changement de classe de Caroline, les interactions avec Rose persistent pendant la pause. Des incidents surviennent, comme lorsque Rose lui lance une brique de Lego à la tête, ou quand Caroline se retrouve disputée par une animatrice à cause des plaintes de Rose. La directrice suggère à Caroline d’attendre devant son bureau pour éviter Rose dans la cour de récréation, mais cela l’isole des autres enfants. Bien que Rose ait admis les faits devant la brigade des mineurs, rien ne change. Les règlements scolaires limitent les mesures à prendre, exigeant une récidive ou d’autres troubles pour radier un élève. Le décret du 16 août 2023, censé adresser le harcèlement, ne traite pas des agressions, pourtant courantes. Par crainte de poursuites judiciaires, l’Éducation nationale évite d’imposer le changement d’établissement aux parents des agresseurs. Les parents de Rose rejettent les accusations sans donner de détails et refusent les solutions proposées par l’inspection académique.
Les parents de Caroline décident de la changer d’école, ne se sentant pas suffisamment rassurés quant à sa sécurité. Sa mère exprime son regret que l’école n’ait pas pris en compte la gravité de la situation. Elle qualifie l’expérience de sa fille comme un viol. Ils sont peu informés des mesures prises pour Rose, l’agresseuse présumée. La procédure judiciaire est classée sans suite en raison de preuves insuffisantes, une décision influencée par l’âge de Rose, car en dessous de 10 ans, aucune sanction n’est possible. Cette injustice pèse lourdement sur Caroline, qui se retrouve stigmatisée par ses pairs de son ancienne école, qui la considèrent comme coupable de l’agression.
Le rectorat, contacté, évite de fournir des détails, invoquant la sensibilité du sujet et suggérant deux versions des faits. Plus tard, il se dégage de toute responsabilité en affirmant que l’école s’est appuyée sur les informations de la police, n’ayant pas de recommandations spécifiques. Le protocole à suivre dans de telles situations est flou, selon le rectorat, avec une trame non officielle et peu claire. Bien que des mesures de protection pour la victime et des interventions psychologiques soient évoquées, leur application reste incertaine. Aucun signalement judiciaire n’a été fait par l’école, malgré la gravité des agressions. Caroline, toujours en proie à des crises émotionnelles, se demande pourquoi elle a dû changer d’école.
Source : 20minutes.fr