Le Monde a publié un dossier effarant sur l’utilisation massive de 1972 à 1993 dans les bananeraies, du chlordécone, un pesticide ultra-toxique.
Une étude menée par Santé publique France tire la sonnette d’alarme sur les dégâts du chlordécone, pesticide utilisé massivement dans les années 80 et qui contamine aujourd’hui la population des Antilles françaises.
Des décennies durant, les cultivateurs ont utilisé dans les bananeraies du chlordécone, un insecticide considéré tout simplement indispensable dans le secteur de la banane, et ce depuis les années 1970. Les Guadeloupéens et les Martiniquais ont cependant rapidement découvert que le chlordécone était ultra-toxique, aujourd’hui considéré comme perturbateur endocrinien, et cause de nombreux cancers. Utilisé sans modération jusqu’à son interdiction dans les Antilles en 1993, son bilan est catastrophique, puisqu’il s’avère aujourd’hui qu’il a pollué les sols pour au moins plusieurs siècles.
La contamination ne se limite pas aux ouvriers agricoles employés des bananeraies, en contact avec la molécule, mais à toute la population, y compris les enfants. "Il peut avoir des effets sanitaires même à très faible dose", affirme au Monde Sébastien Denys, directeur santé et environnement de Santé publique France (agence de santé publique dans laquelle ont fusionné l’Inpes, l’InVS et l’Eprus). Une étude de Santé publique France, lancée pour la première fois à grande échelle en 2013 et dont les résultats, seront présentés aux Antillais en octobre, fait un constat alarmant : la quasi-totalité des Guadeloupéens (95 %) et des Martiniquais (92 %) sont contaminés au chlordécone.