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Le tribunal correctionnel de Paris a condamné l’Etat français pour déni de justice. Il a été accusé de ne pas avoir aidé une petite fille violée pendant plusieurs années à Rennes.
La victime, Karine J. était violée par Roland Blaudy, un homme hébergé chez ses parents, lorsqu’elle avait cinq à sept ans, de 2002 à 2005. Une dizaine de signalements ont été faits au parquet de Rennes, mais ils étaient restés sans réponse. Agée aujourd’hui de 21 ans, la victime a vécu une enfance très difficile.
Lundi, Karine a fait condamner l’Etat pour déni de justice. Dans un entretien accordé au Parisien, elle a reproché à la justice de ne pas l’avoir protégée malgré plusieurs signalements. Elle n’a cependant obtenu qu’une part de gain de cause en attaquant l’Etat pour "faute lourde".
Devant la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine en juillet, Roland Blaudy, déjà condamné à plusieurs reprises pour viols et agressions sexuelles avait reconnu les faits. Lors du procès, il a été condamné à trente ans d’emprisonnement.
Les parents de la victime avaient également écopé de deux ans de réclusion avec sursis et trois ans de prison dont six mois fermes pour avoir fait pression sur leur enfant. Ils l’avaient obligée à garder le silence. Il s’avère que la mère de famille aurait déjà été condamnée pour avoir tué son bébé, né d’un viol. Elle aurait mis fin à la vie du bébé avec des centaines de coups de couteau.
L’école, les médecins et les services sociaux ont avisé les autorités, mais Karine n’avait jamais pu être placée. C’est seulement en 2005, lorsque Roland Blaudy était emprisonné pour une autre affaire de viol que la fillette était sortie de son calvaire. Elle n’a été placée que cinq ans plus tard, lorsque son oncle et sa tante l’avaient adoptée.
Le tribunal de grande instance de Paris estime que l’action faite par la victime "était prescrite". Dans sa décision rendue lundi, l’Etat, qui avait attendu un an avant de confier l’enquête à un juge d’instruction, a été condamné à verser 12.000 euros à Karine en réparation du préjudice et 3.000 euros pour les frais de justice.
"Le parquet savait et n’a rien fait"
Par ailleurs, le président du TGI de Rennes Ollivier Joulin a fait part de ses regrets dans un courrier adressé au Défenseur des droits. Il a souligné : "Le parquet savait et n’a rien fait. Ce qui nous importe, c’est d’avoir une reconnaissance du dysfonctionnement du service public de la justice".
(Sources : 20 Minutes / Radio Capitole)