Six membres d’une même famille ont été jugés devant la cour d’assises spéciale de Paris. Ils sont soupçonnés d’être impliqués dans un projet d’attentat en 2014 visant la métropole lyonnaise.
Dans le box des accusés se trouvaient Reda, Farida et Karim Bekhaled. Leurs trois frères, Mohamed, Rafik et Farid sont, eux, jugés par défaut : partis combattre en zone irako-syrienne, ils sont toujours recherchés. Au total, huit des quinze accusés font l’objet d’un mandat d’arrêt. Tous sont jugés pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste.
Les deux frères Karim et Reda Bekhaled sont soupçonnés d’avoir organisé le départ de candidats au djihad en Syrie pour l’EI. Ils auraient aussi envoyé des fonds, près de 30 000 euros, aux combattants français partis faire le djihad. Reda Bekhaled, personnage central dans ce dossier, a été interpellé en septembre 2014, à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue de Lyon. Cet ancien membre du groupuscule islamiste radical Forsane Alizza, dissout en 2012, est accusé d’avoir voulu mener une attaque dans la région de Lyon, toujours avec son frère Karim. Farida Bekhaled, l’aînée et seule fille de la fratrie, aurait, quant à elle, aidé à financer les activités de ses frères, grâce à une prime de licenciement et à des prêts à la consommation.
L’avocate générale a été dure tout au long du procès. "Je n’ai entendu chez Reda Bekhaled […] aucun recul sur lui-même, aucune critique par rapport aux années passées et à sa précédente condamnation. […] Il n’a pas de réflexion sur son action", a-t-elle déclaré au moment de se positionner sur la peine. "Il présente un degré de dangerosité suffisamment important pour justifier la peine maximale : 20 ans de prison assortis des 2/3 de sûreté", a-t-elle formulé.
Contre Karim Bekhaled, qui a lui effectué un court séjour en Syrie, le ministère public adoucit légèrement son discours : "C’est le grand frère et pourtant je sens chez lui une forme de suivisme". L’avocate générale retient qu’il n’a pas pris part à l’acquisition des armes et que son ancrage dans le djihadisme est plus récent. Elle a requis 18 ans de réclusion.
L’accusation s’est enfin montrée plus clémente avec Farida Bekhaled. "C’est la grande sœur malmenée qui a mis sa vie au service de ses frères", analyse l’avocate générale. Contre cette femme elle réclame 7 ans de prison.