Après trois mois et demi d’un procès hors norme, la cour d’assises de Vaucluse s’apprête à rendre son verdict dans l’affaire des viols de Mazan. Cinquante et un hommes se retrouvent au tribunal pour avoir participé à des années de violences sexuelles infligées à Gisèle Pelicot.
Les témoignages poignants de la victime et les révélations sur un réseau de violences organisé ont profondément marqué les consciences.
Pendant dix ans, Gisèle Pelicot a subi des violences inimaginables, livrée à des dizaines d’hommes par son propre mari. Ce dernier, présenté comme le cerveau de ce réseau, a toujours nié les faits les plus graves, tout en reconnaissant une partie de ses responsabilités.
Ce lundi matin, les accusés ont eu une dernière occasion de s’exprimer. Dominique Pelicot, accusé d’être le principal instigateur des violences sexuelles, a notamment « salué le courage de son ex-épouse », qui a subi ces agressions pendant une décennie. Il a également demandé pardon à sa famille, tout en assurant avoir dit "la vérité totale" pendant le procès. « Je la prie de bien vouloir, et le reste de la famille, et madame M. (la femme de Jean-Pierre M.), accepter mes excuses : je regrette ce que j’ai fait, faire souffrir (ma famille) depuis 4 ans (depuis la date de la révélation des faits), je leur demande pardon », a déclaré le septuagénaire sur le banc des accusés « pour avoir drogué aux anxiolytiques » son ex-compagne et mère de ses enfants.
« Mon intention est de me faire oublier », a déclaré l’accusé depuis le box vitré où il siège aux côtés de 17 autres détenus, parmi les 51 accusés. Il affirme avoir dit « la vérité totale » dès le début du procès et a remercié la cour pour l’aménagement d’une chaise spéciale, nécessaire à son état de santé, parfois perçu à tort comme de la désinvolture. Reconnaissant une « honte intérieure », il évoque la carapace qu’il s’est forgée pour survivre en détention.
Les 50 autres accusés, âgés de 27 à 74 ans, ont également eu l’opportunité de s’exprimer devant la cour. Chacun a tenté d’expliquer son implication dans ces faits, qualifiés de "hors norme" par la justice.
Le ministère public a exigé des peines allant jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle pour Dominique Pelicot, considéré comme le "chef d’orchestre" de ce réseau. Les autres accusés ont également fait l’objet de réquisitions sévères, allant de 10 à 18 ans de prison.
Les réquisitions du ministère public ont été modulées en fonction de la gravité des faits reprochés à chacun des accusés. Ainsi, pour les 49 hommes reconnus coupables de viols aggravés, le parquet a requis des peines de 10 à 18 ans de réclusion criminelle. En revanche, pour le dernier prévenu, uniquement poursuivi pour des attouchements sexuels, une peine de 4 ans d’emprisonnement a été sollicitée.
La cour d’assises doit désormais rendre son verdict. Les cinq magistrats professionnels ont trois jours pour délibérer. Leur décision sera annoncée ce jeudi, sauf imprévu.