Le procès de l’affaire du "bébé du coffre" se poursuit devant la cour d’Assises de la Corrèze à Tulle. Entendue par les juges, la mère de l’enfant, Rosa Maria Da Cruz, fait face à ses contradictions.
C’est un procès hors normes qui a débuté lundi après-midi devant les Assises de Corrèze à Tulle. Celui d’une mère de Brignac-la-Plaine qui a dissimulé, pendant près de deux ans, son bébé aux yeux de tous, y compris de son mari et de ses trois enfants. La petite fille, prénommée Serena, a été découverte par les employés d’un garage de Terrasson en Dordogne, cachée dans le coffre d’une voiture. Elle souffrait de manque de soins et de carences. Depuis, la fillette souffre "d’un syndrome autistique vraisemblablement irréversible".
La mère de la petite Serena a été confrontée mercredi à ses contradictions, entre le déni d’une grossesse d’une "chose" qu’elle invoque pour sa défense, et les soins objectifs qui ont maintenu un "enfant" en vie, même au prix de carences. "Je n’arrive pas à me l’expliquer à moi. Donc je ne peux pas vous l’expliquer…", a-t-elle dit devant la Cour. A quatre reprises, Rosa Maria Da Cruz a fourni cette seule réponse à la Cour d’assises de la Corrèze. Les juges tentaient désespérément d’établir si Serena avait été pour sa mère, "une chose", "un enfant" ou quelque chose "d’intermédiaire".
L’accusée, entendue pour la première fois longuement au troisième jour du procès, a stupéfié le président en disant avoir menti. "Tout ce que j’ai dit, ce n’est pas vrai !", a-t-elle déclaré. Rosa Da Cruz reconnaît que lors de sa garde à vue en octobre 2013, elle a voulu donner une image de bonne mère en déclarant lui avoir donné un biberon dès la naissance. "Vous avez déclaré ’Je redescendais régulièrement pour voir si tout allait bien’, comment se fait-il qu’aujourd’hui vous nous parliez d’autre chose ?", interroge le président. "J’ai menti. J’ai mis Serena sur un matelas et je ne m’en suis pas occupée", répond-elle sèchement.
Le président avait interrogé par la suite la mère sur ses intentions. "Vous dites que vous espériez qu’elle soit découverte, or, vous vous êtes évertuée 24h/24 à la cacher, à mettre des couvertures sur la voiture, à prétexter d’aller nourrir les chats pour vous en occuper". A cela Rosa Da Cruz répond qu’elle avait laissé la vitre de la voiture entrouverte en espérant que quelqu’un l’entende. Mais Serena ne pleurait pas, personne ne pouvait l’entendre et lors de la visite chez le garagiste à Terrasson, elle tentera d’éviter à tout prix qu’on ouvre le coffre de la voiture. Rosa Da Cruz face à ses contradictions poursuit avec ses déclarations fracassantes : "Serena, je ne m’en suis jamais occupée, je l’ai jamais tenue dans mes bras, je lui ai jamais fait de câlins je l’ai nourrie mais pas tous les jours".
Au procès, Serena, aujourd’hui âgée de 7 ans est représentée par l’avocate du conseil général Isabelle Faure-Roche. Le procès est prévu pour durer jusqu’au 21 novembre. Rosa Maria Da Cruz risque vingt ans de prison.
L'accusée Rosa Da Cruz, ici photographiée avant l'ouverture du procès, se dissimule derrière une main, la tête basse enfoncée vers la table. Elle écoute sans réagir #procesSerena #Serena pic.twitter.com/sePg5pzJSy
— Nicolas Blanzat (@nblanzat) 12 novembre 2018