Lors de son interrogatoire durant le procès de l’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui a assuré qu’il n’a "aucun lien" avec "ce crime barbare".
Le procès de l’assassinat de Samuel Paty s’est poursuivi jeudi avec l’interrogatoire d’Abdelhakim Sefrioui. Accusé d’avoir participé à une campagne de cyberharcèlement contre l’enseignant, ce militant islamiste de 65 ans a nié toute implication dans cet "acte barbare". Questionné sur les faits qui lui sont reprochés, il a débuté son témoignage par des condoléances à la famille de la victime, exprimant sa sympathie pour leur douleur, avant de déclarer son innocence face aux accusations. A la cour, le sexagénaire a tenu à souligner qu’il n’avait aucun lien avec ce crime, rapporte Tf1 Info. Alors qu’il attendait ce moment depuis quatre ans, il a affirmé que son objectif principal est de "laver son honneur" et de prouver qu’il n’a rien à voir avec l’assassinat du professeur.
Vêtu d’une chemise bleu ciel, Abdelhakim Sefrioui a insisté sur le fait que son nom était injustement associé à ce meurtre, qu’il "rejette totalement". Il a exprimé sa confiance en la cour pour établir son innocence, bien qu’il risque jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle. De leur côté, les procureurs soutiennent que le militant islamiste a contribué, aux côtés de Brahim Chnina, père d’une élève, à diffuser des messages en ligne visant à attiser la haine contre Samuel Paty. Dans une vidéo qu’il a relayée le 11 octobre 2020, cinq jours avant l’assassinat, il dénonce une supposée islamophobie en France. Le sexagénaire n’a pas hésité à qualifier l’enseignant de "voyou" et a appelé les parents à se mobiliser pour obtenir son renvoi. Pour l’accusation, ces actions démontrent une volonté de nourrir la tension sociale autour de l’affaire.
Interrogé sur son parcours, Sefrioui a expliqué son choix de s’installer en France en 1982, malgré ses critiques récentes. Il affirme avoir été attiré par la liberté d’expression et l’atmosphère démocratique qui y régnait, contrastant avec son jugement actuel du pays qu’il décrit comme "islamophobe". Né en 1959 à Fès, au Maroc, il raconte une enfance stricte, mais heureuse, marquée par des valeurs de respect. Avant d’être au RSA à partir de 2015, le militant a connu plusieurs métiers. Ancien professeur de marketing, il a aussi dirigé une maison d’édition et ouvert une librairie, bien que ces entreprises aient échoué. Côté personnel, il s’est marié en 1985 et a eu trois enfants, mais une séparation en 2017 a entraîné une rupture de contact avec sa fille. Le procureur a rappelé que Sefrioui avait proposé la polygamie à son épouse, qui l’a refusée, avant qu’il ne s’engage dans une autre relation. Les aspects religieux et militants du parcours de Sefrioui n’ont pas encore été abordés en détail, mais restent des points centraux pour la suite du procès.