Le procès en appel de Mohamed Soumah, Jawad Bendaoud et Youssef Aït Boulhacen, a commencé ce mercredi 21 novembre à Paris et va durer jusqu’au 21 décembre. D’après les informations de LCI, Marie-Claire va raconter, pour la première fois, ce qu’elle avait réellement vécu le 18 novembre 2015. Elle fait partie des 781 parties civiles dans cette affaire.
Si Marie-Claire n’a pas pu venir au premier procès de Jawad Bendaoud, Mohamed Soumah et Youssef Aït Boulhacen, elle comptera se rendre au tribunal et va même témoigner de ce qu’elle avait vécu la nuit du 17 au 18 novembre 2015. Une nuit qui a basculé sa vie et celle de beaucoup d’autres.
Alors âgé de 51 ans, Marie-Claire se trouvait cette nuit-là à quelques mètres du 48 rue de la République à Saint-Denis, sur laquelle le Raid a donné l’assaut, il y a trois ans, afin d’interpeller Chakib Akrouh, Abdelhamid Abaaoud et Hasna Aït Boulhacen qui sont tous décédés.
Cette conseillère financière avait quitté Sarrebourg, en Moselle, pour Saint-Denis afin de suivre une formation d’une semaine en psychologie à l’université. Elle avait loué un appartement sur Airbnb, rue Edouard Vaillant, avec une amie de sa classe. Marie-Claire, fille de militaire, a expliqué que le premier coup de feu a commencé vers 4h31 du matin (heure française). "Ont suivi les tirs et les explosions, j’avais le Raid et la BRI sous mes fenêtres. Ça n’arrêtait pas, ça a duré 2h30 en non-stop. (…) J’ai entendu ensuite quelqu’un crier, puis ce gros boum, différent des autres, et plus rien. A mon avis c’était un des terroristes et sa ceinture d’explosifs.", a-t-elle confié.
Après les tirs, la seule idée de Marie-Claire était de rentrer chez elle. "J’étais venue pour étudier, je me suis retrouvée au cœur de l’assaut. (…) et j’ai appelé un taxi pour aller à la gare de l’Est.", ajoute-t-elle. Malheureusement, pas un seul taxi n’a voulu venir la chercher. Elle a pris son courage à deux mains et a marché au milieu des rues, déjà investies par les forces de l’ordre. Plus loin, la quinquagénaire a fini par trouver un chauffeur qui l’a conduite à la gare, direction Sarrebourg.
Actuellement âgée de 54 ans, Marie-Claire a vu sa vie changer depuis le 18 novembre 2015. Elle avait perdu son emploi en raison d’un arrêt maladie longue durée. Cette épouse d’ancien militaire est emprisonnée par un traumatisme. Actuellement, elle panique dès le son d’un gyrophare ou des sirènes. "Tout le monde n’entend pas des coups de feu tous les jours, mais je vis à côté du 1er régiment d’infanterie. (…) Du coup, quand il y a un entraînement, je mets mon casque anti-bruit."
Si au début Marie-Claire ne se considérait pas comme une victime, elle a compris plus tard qu’elle a besoin d’une réparation psychologique et de reconnaissance par rapport à cette nuit terrifiante. Elle attend en conséquence plus de respect, mais aussi de reconnaissance pour les victimes de la part de la justice.
La quinquagénaire espère que Jawad Bendaoud dira toute la vérité, notamment en avouant qu’il savait que les gens qu’il avait hébergés étaient des terroristes. "Je ne peux pas accepter que la justice ait relaxé cet homme. Il doit être condamné.", a-t-elle conclu.
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