Illustration/SIPA
Ces dernières années, plusieurs groupes criminels se sont orientés vers le trafic de cocaïne. Cette activité se répand de plus en plus en France.
Selon le rapport annuel du Sirasco dévoilé ce vendredi 14 septembre, 17 tonnes de cocaïne avaient été saisies en France, en 2017. Ces chiffres ont augmenté puisque les services répressifs français n’en avaient saisi que 8,5 tonnes l’année précédente.
Le commissaire divisionnaire Vincent le Beguec, chef de l’Octris estime que cette hausse des saisies signifie que les trafiquants français sont de plus en plus dynamiques dans ce domaine. Ils auraient d’ailleurs mis en place des filières de distribution dans toutes les grandes villes du pays.
Alors que les groupes criminels venant des cités vendaient jusque-là du cannabis, les enquêtes menées par la police judicaire révèlent qu’ils se tourneraient de plus en plus vers le trafic de cocaïne. Il s’avère que le nombre de consommateurs ayant essayé cette drogue serait de plus en plus important. En vingt ans, il a été multiplié par quatre.
La demande de poudre blanche ne cesse aujourd’hui d’augmenter. En 2015, 2,2 millions de Français se seraient laissés tenter par ce produit, selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Quelques 450 000 personnes en prenaient même régulièrement.
En Colombie, un kilo de cocaïne pure coûte environ 1 000 dollars, soit près de 860 euros, alors que la même quantité s’achète dans les 30 000 euros en France. Selon Vincent le Beguec, les bénéfices sont "considérables". Les trafiquants de cannabis se sont rendu compte qu’ils pouvaient mieux gagner dans la vente de la poudre blanche.
Un narcotrafiquant pourrait par ailleurs rapporter jusqu’à 90 000 euros sur le territoire national. En effet, le kilo de cocaïne pure est coupé avec d’autres produits comme de la caféine, de la lidocaïne. Cette méthode triplera son poids.
Selon le Sirasco, la drogue arrive notamment par bateau en Europe et le port du Havre ferait parti les points d’entrée principal du continent. En 2017, 3,5 tonnes de cocaïne ont été saisies dans des conteneurs acheminés au port normand, multipliant de 120 % le bilan de 2016. Les enquêtes ont permis de savoir que les dockers sont souvent mêlés à cette affaire.Avec "la technique du ’rip off’", ils récupèreraient la drogue caché au sein du fret légal.
Toutefois, le port d’Anvers, en Belgique demeure la principale porte d’entrée de la drogue en Europe. L’année dernière, 42 tonnes avaient été saisies.
La cocaïne est acheminée par voie aérienne en France. En 2017, 640 saisies (1,7 tonnes de produit) ont été réalisées par les services du territoire national. Plus de passeurs auraient été arrêtés, surtout sur la ligne Cayenne-Paris, selon le commissaire divisionnaire, Le Beguec.
Plusieurs réseaux criminels achètent en effet la poudre blanche à moindre coût au Suriname. Ils essaient ensuite de la faire parvenir au pays en se servant des "mules" , qu’ils emmènent avec eux ou dans leur bagage. Ainsi, 608 passeurs ont été arrêtés au départ ou en provenance de Guyane, en 2017. Les 250 d’entre eux ont avalé la drogue.
Certes la vente cocaïne procure un bénéfice important, mais pour blanchir leurs gains, les narcotrafiquants ont dû chercher une solution. Pour cela, ils auraient recours à des groupes criminels organisés, spécialisés dans ce domaine et conclueraient des contrats avec eux. Ces réseaux se chargent ensuite de transformer l’argent liquide qu’ils ont collecté sur le territoire "en produits à forte valeur ajoutée ou facilement transportables tels que l’or, les bijoux ou les véhicules". Ils mettent également en place des "mécanismes de compensation variés".
En dépit de ces manœuvres, les services répressifs français avaient tout de même réussi à saisir 63 millions d’avoir criminels l’année dernière. Mais, par rapport aux 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires générés par le trafic de drogue, il s’agit d’une goutte d’eau.
(Source : 20 Minutes)
Sirasco : Service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité organisée
Octris : Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants
OFDT : Observatoire français des drogues et des toxicomanies
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