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Des jeunes sont venus célébrer une fête d’anniversaire, mais sept d’entre eux ont été interpellés et ont terminé la soirée au poste de police.
Une jeune femme a invité des amis pour célébrer ses 23 ans, dans un appartement du 19e arrondissement de Paris, dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 juillet. Pourtant, cette soirée privée dégénère, comme le rapporte France Info qui relate les détails de ce qui s’est passé.
Au plus fort de la soirée, "une trentaine, peut-être une quarantaine de personnes" se trouvaient dans l’appartement du troisième étage. "C’était une fête tout à fait classique, il y avait de la musique, de l’alcool, des rires. Quelque chose de très banal, vraiment", a décrit un invité.
A cause du tapage nocturne, les riverains ont appelé la police. "Oui, la musique était effectivement un peu trop forte par moments", a admis le jeune homme de 24 ans. Ainsi vers 1h30 ou 2 heures du matin, une voiture de police du commissariat du 19e s’est garée en bas de l’immeuble.
D’après le journal Le Parisien, les éléments de la police ont affirmé être tombés "sur une quarantaine de jeunes avinés se trouvant dans les parties communes de l’immeuble". Ce qui s’est passé par la suite reste imprécis, mais la situation s’est tournée en un affrontement.
Les policiers ont d’abord verbalisé l’occupante de l’appartement, a expliqué une source policière à l’AFP. Puis, ils ont aussi interpellé pour "outrage" une femme qui venait de les injurier dans le hall de l’immeuble. "A ce moment-là, ceux qui étaient dans l’appartement sont descendus et s’en sont pris aux policiers, y compris physiquement", a relaté cette source. L’un des invités a menacé de prendre l’arme du policier et de lui tirer une balle dans la tête et le véhicule des policiers a été dégradé. Ces derniers ont ainsi appelé des renforts. Deux fonctionnaires ont été légèrement blessés et emmenés à l’hôpital.
Dans la nuit, la préfecture de police de Paris a réagi sur Twitter. Elle a publié un message de soutien aux policiers. "Cette nuit, alors qu’ils intervenaient sur un tapage nocturne, les policiers locaux ont été pris à partie par plusieurs dizaines de fêtards (…) Soutien aux 2 policiers légèrement blessés conduits à l’hôpital".
En revanche, les participants à la fête ont donné une toute autre version. Ils ont estimé avoir été eux-mêmes victimes de violences de la part des éléments de la police. "La fille dont c’était l’anniversaire s’est fait violenter en bas", a raconté un des jeunes. Quand elle est remontée avec du sang partout, cela a mis un froid. Contactée par France Info trois jours après, cette dernière indique toujours être souffrante d’une énorme ecchymose au niveau de la clavicule. "Je ne comprends pas comment ils ont pu en arriver là. Vous verriez mon gabarit", a-t-elle continué.
Un jeune homme interpellé a souligné qu’un policier lui a passé les menottes. "J’ai vite compris ce qui m’arrivait", a-t-il assuré. D’après lui, les policiers lui ont dit qu’il avait frappé leurs collègues. "J’avais beau leur dire qu’il y avait erreur, ils ne voulaient rien entendre" A leur arrivée au commissariat, trois "policiers se sont jetés" sur lui. "J’étais au sol, sonné, plein de vertiges et je saignais". Puis, les forces de l’ordre lui ont demandé de nettoyer son propre sang. "Ils m’ont balancé de l’essuie-tout et du gel hydroalcoolique en me répétant que ce n’était pas à la femme de ménage de le faire, et que j’avais plutôt à intérêt à obéir", a confié le jeune. Il a ainsi effacé son propre sang.
A la suite de ce drame, une enquête des chefs de "violences sur personne dépositaire de l’autorité publique" se poursuit concernant cinq des sept personnes interpellées. Les investigations seront traitées par un autre service enquêteur, car le parquet de Paris a dessaisi le commissariat central du 19e arrondissement de l’affaire.
Par contre, lundi 13 juillet, quatre personnes se sont présentées à l’IGPN pour déposer plainte contre les policiers. Défendu par maître Raphaël Kempf, le jeune homme frappé au commissariat en fait partie. "Mon client conteste avoir adressé le moindre coup aux policiers, a souligné l’avocat. En revanche, c’est qu’il est arrivé en bonne santé à la soirée et qu’il est ressorti avec des traces de coup de sa garde à vue", a-t-il réitéré.
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