Invité sur France Info, le numéro un de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), Nicolas Lerner a parlé de la menace terroriste, lundi 23 décembre
Lors de son passage sur France Info, lundi 23 décembre, Nicolas Lerner a parlé de l’état actuel de la menace terroriste en France. "En cette fin d’année 2019, elle demeure élevée", a-t-il signifié, en rappelant que plusieurs attentats ont été tentés. Entre autres, il a cité celui de Lyon en mai et le drame au sein de la prison de Condé-sur-Sarthe.
"Je rappelle également que les différents services de renseignement, de police, ont déjoué quatre attentats durant l’année 2019", a-t-il continué. Selon lui, ces quatre attentats ont un point commun : ils ont impliqué des individus français ou étrangers, mais étant nés et ayant grandi en France. Pourtant, dans le cadre de leur parcours ou pour d’autres motifs variés, ils ont adhéré à cette idéologie mortifère et nourri une haine à l’égard des institutions.
Le directeur a, par ailleurs, rappelé que le projet le plus abouti de cette année est l’incarcération de 4 individus voulant s’en prendre à des forces de l’ordre devant le palais de l’Élysée et dans le 8e arrondissement.
Interrogé si les attaques coordonnées de grande ampleur, téléguidées depuis l’étranger, sont terminées, Nicolas Lerner a répondu que la menace terroriste a évolué dans sa nature. "La capacité de groupes terroristes à concevoir et à planifier des attaques depuis l’étranger et à les mener sur le territoire national, avec l’infiltration de combattants djihadistes, a diminué, mais pas disparu", a-t-il détaillé.
Face à cette menace, les services extérieurs, avec les partenaires étrangers, sont particulièrement vigilants surtout sur le risque d’exfiltration de combattants sur zone. En effet, actuellement, surtout cette année, une autre forme de menace qui est une menace interne dite endogène s’est présentée.
Comme explication, le directeur de la DGSI a annoncé surveiller des individus adhérant à l’idéologie de Daesh, sans être allé sur zone. "Nous ne détectons plus de liens entre les sympathies de cette idéologie et les groupes terroristes sur zone. C’est à mettre au crédit de l’action de la coalition aujourd’hui", a-t-il précisé.
Durant cette interview, nos confrères de France Info ont demandé s’il y a un risque avec les "revenants", les islamistes radicalisés qui reviennent en France après avoir été en Irak ou en Syrie.
Comme réponse, Nicolas Lerner a annoncé que 1 300 Français ou de nationalité étrangère ont quitté le territoire national pour rejoindre l’organisation Etat islamique. Selon ses dires, un peu plus de 280 d’entre eux sont déjà de retour et ils ont été judiciarisés. Jusqu’à maintenant, la plupart d’entre eux est encore en prison et ils font l’objet d’un suivi par les services de renseignement.
Pour le reste d’individus, ils sont toujours présents en Syrie ou en Irak. "Certains sont détenus, d’autres sont suivis par les services de renseignement sur zone", a-t-il renchéri.
"Pour les personnes radicalisées qui ont purgé leur peine, est-ce que la surveillance mise en place nous prémunit de toute nouvelle forme d’attentat ?", ont demandé les journalistes. Le directeur de la DGSI a répliqué que les forces de l’ordre vont tout mettre en œuvre pour faire en sorte que ce cas de figure n’intervienne pas. Il a détaillé qu’en ce moment, près de 1 400 individus sont incarcérés dont plus de 500 pour des faits de terrorisme et près de 900 autres pour des faits de droit commun et suspectés de radicalisation. "Soyez sûrs de la mobilisation de nos services. Une part importante des renforts humains et budgétaires accordés par l’actuel gouvernement ira à ce sujet du suivi des sortants de prison", a-t-il affirmé.
A cette occasion, il n’a pas manqué de saluer la coopération avec les services de renseignement pénitentiaire. Car, selon lui, il n’y a pas de succès si la continuité entre la détention et l’extérieur n’est pas assurée. D’ailleurs, en 2017, pour le suivi de ces sortants de prison, les services de renseignement ont été dotés de nouveaux outils par le législateur. "Soyez sûrs que ce sujet-là, au regard de sa sensibilité, fait partie des sujets les plus prioritaires pour la DGSI et l’ensemble des services de police", a rassuré Nicolas Lerner.
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