La commission parlementaire qui s’est occupée de l’affaire Colonna a livré les résultats de son enquête. Le rapport qu’elle a publié, mentionne des "défaillances", des "inactions" et des "erreurs" des autorités.
Après plus de six mois de travaux et 37 auditions, la commission parlementaire a diffusé les fruits de son enquête concernant l’agression mortelle d’Yvan Colonna.
L’indépendantiste corse est décédé au sein du centre carcéral d’Arles en mars 2022. Le fervent militant a été victime d’une violente agression dans la salle de sports de la prison. L’auteur des faits se prénomme Franck Elong Abé, un détenu condamné pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme ». Yvan Colonna succombe à ses blessures trois semaines après l’attaque. L’homme de 61 ans était en train d’effectuer sa peine pour le meurtre du préfet Claude Erignac perpétré en 1998.
La commission d’enquête a planché sur le dossier pendant plusieurs mois, plus de 70 personnes ont été interrogées dans le cadre de l’affaire. Ces parlementaires ont étudié de près le profil de Franck Elong Abé. Ils se sont intéressés aux détails reliés à l’agression. Le rapporteur et président de la commission assurent que : « La gestion administrative et politique du « commando Érignac, et, en particulier, d’Yvan Colonna et la gestion calamiteuse du parcours d’Elong Abé (…) ont conduit au drame ».
Les deux députés corses expriment un avis très tranché dans le rapport : « cet assassinat reste du domaine de l’affaire d’Etat ». Le document pointe du doigt la « sévérité » du traitement carcéral d’Yvan Colonna. Le militant corse était toujours considéré comme « détenu particulièrement signalé » (DPS). Ce statut n’a pas été changé alors que selon les témoignages recueillis auprès des surveillants de la prison, le prisonnier aurait eu une « attitude exemplaire », il était « souriant », « calme et respectueux ». Lors de son audition, l’ancien directeur de l’Administration pénitentiaire a révélé aussi qu’« en dix-huit ans, seuls treize incidents ont été relevés, ce qui est assez peu, ces incidents n’étant en outre pas majeurs ».
Le rapport se pose des questions sur le non changement de statut, ce qui aurait pu lui donner la possibilité de purger sa condamnation en Corse. Les élus corses notent en même temps, la différence de traitement entre les deux détenus. Franck Elong Abé aurait profité des « mansuétudes » alors qu’il était qualifié en tant que TIS (Terroriste islamiste). Le prisonnier est allé en Afghanistan pour faire le djihad aux côtés des Talibans en 2010. Il était à l’origine de plusieurs incidents en prison. D’après le rapport publié hier, au vu de son état psychiatrique, Franck Elong Abé aurait dû couper tout contact avec les autres détenus.
Le document rapporte une série de manquements « manifestes » qui a conduit à cette « prise de risque inconsidérée ».
Les députés ont relevé 29 recommandations dans leur rapport, détaillées sur trois axes : la « réforme impérieuse » du statut de « détenu particulièrement signalé » (DPS), le « renforcement de la détection et de la surveillance des détenus radicalisés dangereux », et l’amélioration de la prise en charge de « ceux présentant des troubles psychiatriques ».