Au lendemain de la manifestation organisée par le comité Vérité pour Adama, les juges ont annoncé qu’ils vont entendre deux témoins clés du drame.
Plus de 20 000 personnes ont répondu à l’appel du comité Vérité pour Adama, mardi 2 juin. Le lendemain, les juges chargés de l’enquête sur la mort d’Adama Traoré ont annoncé qu’ils vont entendre deux témoins clés dans cette affaire, en juillet, rapporte la chaîne RTL. La famille Traoré a déjà demandé ces auditions depuis longtemps. D’après elle, les gendarmes de l’IGGN sont les seuls à avoir entendu ces témoins durant l’enquête préliminaire alors que leur témoignage est crucial.
Le premier témoin s’agit de Chedli M. chez qui Adama Traoré s’est réfugié. En effet, la victime s’était soustraite à deux premières interpellations par les gendarmes, le 19 juillet 2016. Avant de se réfugier dans un immeuble, il a parcouru environ 500 mètres à pleine vitesse. Durant son audition, Chedli M. a raconté aux gendarmes qu’une personne a sonné à sa porte et a retrouvé Adama Traoré allongé par terre, menotté. Ce dernier lui a demandé de le tirer à l’intérieur. Dans son témoignage cité par les experts médicaux mandatés par les juges, il décrit "un homme assis par terre, essoufflé, qui n’arrivait pas à parler et qui respirait bruyamment".
Ce "stress intense" est l’un des arguments utilisé par les experts médicaux désignés par les juges. Ainsi, ces derniers ont conclu que la cause de la mort d’Adama Traoré n’était pas une asphyxie positionnelle provoquée par les gendarmes, mais une addition de facteurs. Entre autres, ils ont cité les pathologies anciennes, la consommation de cannabis et le stress intense.
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De leur côté, les experts ont indiqué que l’essoufflement d’Adama Traoré décrit par Chedli M. ne pouvait pas être dû à une simple course de 500 mètres effectuée par un jeune homme athlétique. Par ailleurs, la famille Traoré soupçonne ce témoin d’avoir menti sur ses liens avec Adama et doutent de sa version.
Outre ce premier témoin, une autre personne doit être aussi entendue par les juges. Il s’agit d’un témoin oculaire qui contredit partiellement le récit des gendarmes.
Contacté, l’avocat de la famille Traoré, Yassine Bouzrou estime que ces auditions cruciales auraient dû avoir lieu depuis très longtemps. "Il a fallu attendre malheureusement ce rassemblement pour réaliser cet acte", a-t-il regretté. Selon lui, on peut dire que l’enquête reprend. Cet avocat a également confirmé que la famille organisera une reconstitution qui a été refusée par les juges.
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