"Les policiers municipaux n’avaient jamais tenté de pénétrer de force dans la mairie, c’est du jamais vu", a confié Bruno Gilles, membre du groupe d’opposition municipal de droite Une Volonté pour Marseille (UVPM) après ce malaise dans la cité phocéenne.
À Marseille, un climat de défiance s’est installé entre la municipalité et ses policiers municipaux. La situation a atteint un point critique après une manifestation houleuse qui a conduit à une plainte déposée par la mairie. Le 21 novembre, un rassemblement d’environ 200 personnes, organisé par des syndicats, a dégénéré lorsque cinquante policiers municipaux ont pénétré de force dans l’hôtel de ville. Le maire Benoît Payan a été visé par des insultes. En réponse, la ville a porté plainte contre X pour "dégradations" et a condamné des comportements jugés "inadmissibles" et incompatibles avec le rôle des agents.
La mairie a également évoqué la possibilité de sanctions disciplinaires si des responsabilités étaient établies. Cependant, cette démarche a suscité des critiques, notamment de la part de Ludovic Bedrossian, président de la CFTC pour la ville de Marseille, qui estime que cette plainte pourrait dissuader de futurs agents de rejoindre les effectifs.
Au cœur de la discorde se trouve un décret appliqué par la mairie sur l’indemnité spéciale de fonction et d’engagement, prévu pour janvier 2025, rapporte Le Figaro. Ce texte introduit des disparités de rémunération entre les agents travaillant de jour, de nuit ou dans des troupes spécifiques, rompant avec une tradition d’égalité salariale vieille de 50 ans. Les syndicats dénoncent une volonté de division entre les brigades. Selon eux, les réunions avec la mairie n’ont pas permis de trouver un terrain d’entente, alimentant le sentiment de frustration parmi les agents.
La mairie ambitionne d’augmenter les effectifs de la police municipale à 800 agents d’ici 2026, mais cet objectif semble compromis. Depuis 2020, seuls 151 nouveaux policiers ont rejoint les rangs, portant leur nombre à 573 en octobre 2024. Les syndicats et l’opposition municipale pointent un écart entre les annonces de la mairie et la réalité. Bruno Gilles, membre du groupe d’opposition Une Volonté pour Marseille (UVPM), accuse la majorité de Benoît Payan de manipuler les chiffres et de créer des divisions au sein des effectifs.
L’irruption des policiers municipaux dans l’hôtel de ville a marqué les esprits, un acte qualifié de "jamais vu" par l’opposition. Selon Bruno Gilles, cette action témoigne d’un malaise profond et d’une escalade des tensions entre la mairie et ses agents. Face à cette situation, des voix appellent à un retour au dialogue. Christophe-Martin Chalamel, de la CFDT Marseille, plaide pour apaiser les tensions et reprendre les négociations.
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