Illustration - Jacques Witt/SIPA
En France, l’affaire Bétharram a fait émerger des témoignages bouleversants de victimes issues d’autres établissements catholiques du sud-ouest. Ces anciens élèves, qui ont longtemps gardé le silence, racontent aujourd’hui des histoires marquées par la violence physique et sexuelle.
Les révélations sur les abus subis par les élèves de l’institution Notre-Dame de Bétharram ont encouragé d’autres anciens élèves d’établissements catholiques du sud-ouest à témoigner. Thierry Ballarin, bientôt sexagénaire, a parlé des violences qu’il a vécues à l’école de Notre-Dame-de-Garaison, située à Monléon-Magnoac (Hautes-Pyrénées). Il se souvient de punitions collectives dans les dortoirs, où les enfants étaient réveillés plusieurs fois la nuit pour recevoir des gifles. Tout le monde subissait le même sort. À 11 ans, il n’aurait jamais imaginé que ces violences marqueraient à vie son existence. Il se rappelle également des coups de lacets et de clés infligés par le surveillant général, ainsi que des coups de santiags. "Ça détruit une partie de votre vie", a-t-il confié, selon les propos rapportés par TF1. Et il n’était pas seul. D’autres anciens élèves décrivent un calvaire similaire.
Philippe a témoigné d’une expérience traumatisante qu’il a vécue en 1987. Le surveillant général de l’établissement de Garaison lui aurait infligé une gifle, si violente qu’elle a perforé son tympan gauche. Il a gardé un certificat médical confirmant cette blessure. Après cet incident, Philippe a quitté l’établissement. De son côté, Christophe se souvient d’un surveillant surnommé "le Crabe", particulièrement cruel. Les gifles qu’il recevait provoquaient parfois de graves blessures. "Quand on prenait des gifles, parfois c’était sur le nez, on partait le nez en sang", relate-t-il. Le silence a longtemps duré, mais aujourd’hui, des anciens élèves se sont unis pour créer un collectif visant à dénoncer ces violences physiques et sexuelles. Récemment, l’un d’eux a déposé une plainte pour violences aggravées et viols.
L’Église et les institutions éducatives catholiques ne peuvent plus nier ces abus. La directrice actuelle du collège Saint-François-Xavier, à Ustaritz, avoue avoir ressenti de "la honte" en apprenant ces histoires. Elle a souligné que ces méthodes ne sont plus utilisées depuis les années 2000, mais la douleur et les cicatrices restent. D’anciens élèves continuent de lutter pour que leurs voix soient entendues. Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, souligne l’importance d’écouter et de protéger les victimes. "Aujourd’hui, ce temps révolu, la personne doit être protégée et non pas l’institution", a-t-il dit, jugeant "nécessaire... que les victimes parlent et surtout qu’elles soient entendues". Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé un renforcement des contrôles dans les établissements privés sous contrat. Pour beaucoup, la cicatrice reste profonde et ne disparaîtra jamais complètement.
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