Les révélations sur les abus sexuels présumés commis par l’abbé Pierre, figure emblématique d’Emmaüs, plongent l’organisation dans une tourmente sans précédent. Des documents d’archives consultés par "Libération" indiquent que la direction d’Emmaüs savait pour l’abbé Pierre dès la fin des années 1950.
Des documents révélés par Libération soulèvent des interrogations sur les accusations d’agressions sexuelles portées contre l’abbé Pierre, le fondateur d’Emmaüs. D’après ces archives, la direction de l’association était au courant des actes répréhensibles attribués à Henri Grouès, son vrai nom, dès la fin des années 1950. Alors que l’ancien président d’Emmaüs France, Antoine Sueur, déclare n’avoir jamais eu connaissance de ces faits, les preuves semblent indiquer le contraire.
En 1957, l’abbé Pierre a été interné dans une clinique psychiatrique en Suisse après divers scandales, qui a entraîné son éloignement de la direction d’Emmaüs. Yves Goussault, une figure influente de cette dernière, a justifié cette séparation dans un courrier du 27 décembre 1957. "Nous sommes tous (quand je dis tous, j’entends tous les responsables et membres de l’association Emmaüs jusqu’aux amis de province engagés ou les conseillers religieux que nous avons pu consulter) pour considérer comme impossible le retour à une situation semblable à celle que nous avons vécue depuis plusieurs mois", a-t-il écrit, rapporte 20 Minutes. Il confie aussi avoir reçu des confidences sur les violences sexuelles que l’abbé aurait commises.
A lire aussi > Abbé Pierre : un ’grand malade mental’, selon les archives de l’Eglise
D’autres personnalités au sein d’Emmaüs savaient également pour l’abbé Pierre, comme Georges Lilaz, qui, après avoir pris conscience de la situation, s’est progressivement mis à l’écart du mouvement. Une ancienne responsable de l’association a affirmé qu’elle était au courant des faits remontant à 1957 depuis le début des années 2010. Ces révélations ternissent la réputation de l’organisation. Le silence sur des actes aussi graves soulève des inquiétudes quant à la gestion éthique d’Emmaüs et à son engagement envers les valeurs qu’elle prétend défendre.
A lire aussi > Abbé Pierre : "quelques évêques" étaient au courant depuis les années 50, indique le président de la Conférence des évêques de France