Onze djihadistes français ont été condamnés à la perpétuité en Irak. Ils ont demandé à purger leur peine en France. Une juge d’instruction enquête pour tortures sur au moins deux d’entre eux.
En 2019, onze djihadistes français ont été condamnés à mort, puis à la prison à perpétuité en Irak, rappelle TF1. Les détenus ont demandé à purger leur peine en France. La magistrate du pôle Crimes contre l’humanité du tribunal de Paris enquête pour tortures, peines et traitements inhumains, dégradants, et détention arbitraire.
Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a confirmé ces informations auprès de la presse française. Richard Sédillot, avocat des deux plaignants, Brahim Nejara et Vianney Ouraghi, a précisé qu’on ne peut pas admettre que des Français dépérissent dans des geôles, "quelle que soit la gravité des faits qu’on leur reproche". "Je ne demande pas leur exonération a priori, mais il est indispensable qu’ils puissent être jugés dans des conditions équitables, pas en cinq minutes, sans avocat. Il faut une instruction et un jugement en France", a-t-il martelé.
D’importantes investigations ont été ouvertes en décembre 2023. Par la suite, les juges ont cherché un moyen "d’entendre les suspects sans que leurs droits soient diminués" et "intercéder auprès des Irakiens pour qu’ils acceptent la venue d’avocats", selon la source judiciaire. Ils ont alors proposé des interrogatoires sous le statut de témoin assisté, mais plusieurs détenus ont vigoureusement refusé. Certains suspects ont, en revanche, accepté et un interrogatoire a déjà été mené.
Dans le cadre de cette enquête, quatre avocats se sont rendus à la prison d’Al-Rusafa, et ont eu des échanges non confidentiels avec leurs clients. Ils ont mentionné des situations alarmantes dans deux mémorandums transmis à la justice française.
Ces avocats ont indiqué dans ces documents que les prisonniers vivent dans des "cachots" bondés de plus de 120 hommes, avec seulement une douche et deux toilettes. Ils n’ont qu’"une bouteille d’un litre et demi par jour pour boire, assurer leur hygiène et faire leur vaisselle". Pourtant, le corps se déshydrate très rapidement dans une chaleur étouffante. Concernant la sortie, une promenade "deux fois par semaine, de dix à trente minutes, est autorisée (...) dans une cour tellement exiguë qu’il est quasiment impossible de marcher".
Les ministères des Affaires étrangères et de la Justice ont été interrogés sur la demande de retour des djihadistes français, mais aucune réponse n’a été reçue. "Le transfèrement est la règle et le problème est justement que les autorités françaises y dérogent, sans justification", a lancé Me Chirine Heydari-Malayeri, qui défend l’un des hommes, citée par TF1.
Georges Salines et Arthur Dénouveaux, deux représentants d’associations de victimes d’attentats, ont aussi indiqué vouloir leur rapatriement pour une "plus grande transparence" des enquêtes.
Un responsable au ministère de la Justice en Irak a cependant affirmé que son pays "n’avait reçu aucune demande officielle des autorités françaises".
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