"Le chaos, des gens criaient"… Un des participants à l’ultra-trail du Haut Giffre en Haute-Savoie a livré un témoignage glaçant après l’accident mortel survenu durant la course d’endurance de Samoëns.
Le week-end du 14 au 16 juin à Samoëns (Haute-Savoie), l’ultra-trail du Haut Giffre a viré au drame en raison de conditions météorologiques épouvantables. Un homme de 52 ans a perdu la vie après une chute. Trois autres personnes ont été blessées, dont deux grièvement, mais sans que leur pronostic vital soit engagé, a précisé Karline Bouisset, procureure de la République de Bonneville. Après ce drame, David Varlez, un traileur expérimenté de 46 ans, a livré un témoignage saisissant au journal Le Parisien. Malgré ses nombreuses expériences en ultra-trail, il n’avait jamais affronté de telles conditions. "J’ai déjà fait plusieurs ultra-trails en montagne où les conditions étaient exécrables. On sait que la nature peut malmener avec de la pluie, du vent, du froid. Mais ce samedi, ça dépassait l’entendement, les chemins s’étaient transformés en torrents", a-t-il raconté.
David était aux premières loges lors de l’accident mortel survenu vers 4 heures du matin, dans une descente extrêmement raide. "J’ai vu les victimes chuter sous mes yeux et disparaître dans l’obscurité du vide. Il faisait nuit noire. C’est la première fois de ma vie que j’ai eu peur de mourir", a-t-il témoigné. "Tout le monde glissait, dérapait, se retrouvait sur les fesses. Le chaos. Des gens criaient. J’ai vraiment cru que j’allais y passer.", a-t-il poursuivi. Peu après, la course a été interrompue. David, commençant à ressentir le froid intense, savait qu’il devait continuer à descendre pour trouver un abri sûr. Selon la préfecture, de nombreuses personnes ont été soignées pour hypothermie, les secours ayant été compliqués par les conditions météorologiques et l’altitude. Le PGHM (peloton de gendarmerie de Haute Montagne) et le Sdis (service départemental d’incendie et de secours) travaillaient en étroite collaboration pour porter secours aux victimes.
Une enquête a été ouverte pour "recherche des causes de la mort » et « mise en danger de la vie d’autrui", confiée à la Brigade de recherches de Bonneville avec l’appui du PGHM de Chamonix. Cette enquête vise à clarifier les circonstances des accidents et à déterminer les éventuelles responsabilités pénales. David Varlez estime que l’équipement obligatoire demandé par les organisateurs n’était pas suffisant pour affronter une météo aussi extrême, bien qu’il ne veuille pas trop les blâmer. Il reconnaît que les organisateurs ne pouvaient pas prévoir une pluie d’une telle intensité. Bien que choqué par l’expérience, David assure qu’il continuera à participer à des courses de trail à l’avenir.