Les enquêteurs ont découvert plus de 1.000 photos de propagande djihadiste sur l’ordinateur d’un ancien professeur de mathématiques. Il a été condamné mercredi à deux ans de prison.
Ce père de famille âgé de 53 ans, né au Maroc, a longtemps enseigné en collège/lycée publics avant de contracter une poliomyélite. Des services de renseignement ont alerté les autorités d’une possible radicalisation. Plus d’un millier de photos et une centaine de fichiers audiovisuels de propagande djihadiste avaient été retrouvés sur son ordinateur.
Interpellé fin juillet à Fontaine (Isère) pour "apologie du terrorisme" et "diffusion de l’enregistrement d’images relatives à la commission d’une atteinte volontaire à l’intégrité de la personne ", il a été écroué depuis et restera en prison. Mercredi, il a été condamné à deux ans de prison à Grenoble, alors que le procureur de la République a requis une peine de quatre ans.
Lors des enquêtes, les chercheurs ont découvert de nombreux fichiers liés au djihadisme. Outre des scènes de décapitation, des livres d’apprentissage des mathématiques édités par Daesh pour former les enfants à compter des bombes, il y aurait également eu une vidéo sur les procédures pour commettre un attentat en Europe.
Le quinquagénaire partageait également des contenus comme le serment d’allégeance au groupe Etat islamique (EI) sur Facebook. Son compte est fermé depuis son arrestation. Il aurait acquis certains fichiers par le biais de la messagerie cryptée Telegram, depuis l’organe de propagande de l’EI, Amaq.
Selon ce père de famille : "mes téléchargements étaient à titre informatif". Il le faisait simplement pour satisfaire sa curiosité. Pour se défendre, le prévenu a également expliqué : "Quand j’ai une armada occidentale (…) qui converge vers un seul point pour déloger un petit groupe d’hommes, il y a de quoi s’interroger".
Lorsque le procureur de la République l’a par ailleurs interrogé sur les films pornographiques dans son appareil, l’homme a souligné que c’était justement la preuve qu’il était "un être de chair et d’os" et non "un pur et dur". Il ressentirait le besoin d’améliorer sa sexualité, c’est la raison pour laquelle il lui arrive de visiter des sites y afférent.
Devant le tribunal, l’homme a essayé montrer l’image du bon père de famille. Restant chez lui depuis sa maladie, il se soucierait de ses enfants qui venaient de commencer l’année scolaire, selon ses explications. "Ils se reposent sur moi pour les maths et je fais la vaisselle", souligne-t-il.
Mais, de son côté le procureur estime que par une "bonhomie de façade", le prévenu tend à "minimiser les faits". Il le suspecte de vouloir participer au "djihad médiatique". Par conséquent, il avait réclamé une peine "sévère" de prison, et un suivi socio-judiciaire de six ans avec obligation de soin.
Me Corinne Beaufour-Garaude, l’avocate du père de famille a mis en garde contre les "procès d’intention". Elle a indiqué qu’il fallait "trouver un équilibre entre nos principes démocratiques, de liberté d’expression et l’impératif de sécurité publique".