Une famille comparaît devant le tribunal correctionnel de Marseille cette semaine. Trois frères et leurs ex-épouses sont accusés d’une vaste fraude à la Sécurité sociale, évaluée à plus de 3 millions d’euros.
"Comment vous expliquez que vous tombez tous malades comme ça ?", a demandé Azanie Julien-Rama, présidente de la sixième chambre du tribunal correctionnel de Marseille. Cette dernière a notamment posé cette question aux trois frères, Daniel, Michel et Thierry ainsi qu’à leurs ex-épouses. Ces derniers sont accusés d’une vaste fraude à la Sécurité sociale.
Entre 2005 et 2017, ils ont travaillé au sein de plusieurs sociétés familiales spécialisées dans le BTP ou l’automobile et ont été affiliés à une mutuelle connue sous le nom de Pro BTP.
En 2016, Pro BTP a avisé les autorités après avoir examiné la gestion des entreprises. Véronique, l’épouse d’un des trois frères a été embauchée à temps partiel en 2013 dans les deux sociétés familiales en tant que directrice commerciale et a perçu 6 000 euros mensuels. Ce montant a augmenté de façon exponentielle l’année suivante pour atteindre les 24 288 euros, rapporte Le Figaro. Diagnostiquée bipolaire, elle a été placée en arrêt maladie, puis en arrêt de travail quelques mois plus tard. Elle a touché en tout 9 600 euros mensuels. Elle a par ailleurs souscrit à des crédits pour les sociétés familiales, adossés à des assurances. Comme le prévoit la loi, les assurances ont remboursé les prêts après la confirmation du diagnostic.
Selon les enquêteurs, ce mode opératoire semblait se répéter. Effectivement, les autres membres de la famille ainsi que leurs proches associés ou collaborateurs ont contracté la bipolarité avant d’être placés en arrêt maladie puis déclarés invalides, le tout sur fond de prêts contractés avec assurance.
A la barre, les trois frères ont déclaré avoir consulté le même psychiatre qui a vendu sa Porsche à un de ses trois patients pendant sa thérapie. Ce médecin a été placé en garde à vue, mais n’a pas été mis en examen.
Des experts psychiatres, mandatés par la justice, ont confirmé que les prévenus ne présentaient aucune bipolarité, avant d’être contredits par d’autres praticiens. Le préjudice de cette présumée escroquerie en bande organisée est estimé à plus de 3 millions d’euros.
Durant ce procès, Solange, l’ex-femme d’un des trois frères a lancé que ce n’est pas elle qui a d’un coup déclaré qu’elle était malade. "J’ai refoulé toute ma vie le fait de ne me sentir pas bien, de ne pas consulter, en essayant de reprendre le dessus sur ma vie", a-t-elle pesté.
De son côté, Michel s’est emporté en disant qu’il n’a jamais voulu se retrouver tous les après-midi "à légumer" (sic) à cause de problèmes psychiatriques. "Je suis au RSA, en marge de la société. Si je savais où tout ça m’aurait mené, je n’aurais jamais été consulté un psychiatre", a-t-il fustigé. La fin du procès est prévue pour jeudi.
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