"C’est un résultat sans appel", a commenté Bruno Morel, président d’Emmaüs France en annonçant le retrait de l’abbé Pierre du logo du mouvement.
Plus de 15 ans après sa mort, l’abbé Pierre, figure emblématique d’Emmaüs, est mis en cause dans 33 accusations de violences sexuelles, dont une pour viol présumé sur mineur. Confrontée à ce scandale, l’association a choisi de tourner une page symbolique en retirant toute référence à son fondateur de son logo. Lors d’une assemblée générale extraordinaire, 91 % des représentants des 300 structures du mouvement ont voté pour ce retrait. La mention "fondateur abbé Pierre", qui figurait discrètement sous le nom et le symbole d’Emmaüs, a été supprimée. "C’est un résultat sans appel", a déclaré Bruno Morel, président d’Emmaüs France sur le récit de 20 Minutes. Il a d’ailleurs souligné l’importance de rester fidèle à leur mission tout en respectant les victimes.
Emmaüs a également publié un communiqué pour expliquer cette mesure. Sans renier le rôle historique de l’abbé Pierre, l’association affirme qu’il est désormais impossible d’honorer publiquement son image. Cette décision s’inscrit dans une démarche de reconnaissance des faits et de respect envers les victimes. Par ailleurs, le lieu de mémoire dédié au prêtre à Esteville, en Seine-Maritime, a été fermé définitivement, et les structures adhérentes ont été invitées à retirer tout visuel représentant l’abbé Pierre. Les révélations proviennent de trois rapports distincts commandés par Emmaüs et la Fondation abbé Pierre au cabinet Egaé. Le dernier compte rendu, publié récemment, qualifie l’abbé Pierre de "prédateur" et évoque des faits graves, dont un viol sur mineur. Certaines accusations impliquent même des membres de la famille du prêtre.
Ces révélations ont provoqué une profonde remise en question au sein du mouvement. Bruno Morel espère que ces mesures permettront de "tourner une page très douloureuse, non seulement pour les victimes, mais aussi pour l’ensemble du mouvement". Après la sortie de ces révélations, l’Église catholique française a demandé à la justice d’ouvrir une enquête. Cependant, l’ancienneté des faits, qui remontent aux années 1950-2000, pourrait poser des obstacles juridiques. Malgré cela, cette initiative marque un tournant dans la gestion de ces affaires au sein de l’institution religieuse.
> A lire aussi : enquête demandée sur l’abbé Pierre : la Conférence des évêques saisit la justice