La petite Mia, âgée de 8 ans a été enlevée mardi à la demande de sa mère. Elle a été retrouvée en "bonne santé" en Suisse.
Selon François Pérain, procureur de la République de Nancy, la préparation de l’enlèvement de la petite Mia a été effectuée comme une "véritable opération militaire". Les auteurs présumés l’ont eux-mêmes baptisée "Opération Lima".
Le magistrat a précisé l’achat de talkies-walkies et de téléphones portables. Un budget de 3 000 euros a été dégagé pour l’opération. Par ailleurs, une partie de cet argent devait être remise à la mère de l’enfant. Les suspects s’étaient aussi donné des surnoms pour l’opération : Bruno, Pitchoune, Janot, Bouga, Corbeau et Basile.
Comme le rapporte Ouest France, la mère de Mia, Lola Montemaggi, 28 ans, ne connaissait pas les ravisseurs. En effet, ce groupe se revendiquant de la mouvance antisystème a décidé qu’il fallait aider cette mère. "C’est comme cela que le projet s’est amorcé, et la mère est rentrée en contact avec l’un des membres", selon le procureur. Les enquêteurs essayent de déterminer l’origine des financements et si d’autres actions étaient envisagées.
François Pérain a expliqué que les présumés auteurs de cet enlèvement sont plutôt insérés socialement et ne sont pas connus de la justice. Ils se sont rencontrés via les réseaux sociaux et partagent une même communauté d’idées. Selon ses dires, ces suspects sont contre l’Etat et mobilisés contre ce qu’ils appellent la dictature sanitaire. "Je ne pense pas qu’il s’agisse du mouvement survivaliste, c’est beaucoup plus compliqué", a-t-il indiqué. Le procureur a annoncé que, pour eux, les enfants placés sont "enlevés injustement à leurs parents".
Les cinq auteurs présumés sont âgés de 23 à 60 ans. Quatre d’entre eux ont été interpellés mercredi et jeudi à Paris, en Seine-et-Marne, aux Lilas (Seine-Saint-Denis) ainsi qu’en Meurthe-et-Moselle. Le cinquième, surnommé "Bouga" qui a été arrêté à Amancey (Doubs) vendredi, n’a pas participé à l’opération dans les Vosges, mais a contribué à sa préparation.
Selon le procureur, "Basile" est en voie d’identification et n’a donc pas été interpellé jusqu’ici. Actuellement en fuite, il est activement recherché.
Pour les cinq individus appréhendés, le procureur a demandé la mise en examen pour enlèvement en bande organisée sur mineur de 15 ans. Au cours de leur garde à vue, ils ont affirmé avoir agi à la demande de Lola Montemaggi.
Mardi 13 avril, trois hommes ont enlevé Mia chez sa grand-mère maternelle aux Poulières (Vosges). Les présumés auteurs se faisaient passer pour des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Ils ont présenté des papiers falsifiés avec un en-tête du ministère de la Justice. Par la suite, les suspects et la mère se sont rendus en Suisse en traversant la frontière à pied.
Selon le procureur, durant le trajet de deux heures, ils ont porté la petite Mia à tour de rôle. En arrivant à la frontière, un homme se faisant appeler "Roméo" les a récupérés avec une voiture de marque Porsche Cayenne avant de les déposer dans un hôtel à Estavayer-le-Lac (canton de Fribourg).
François Pérain a expliqué que la mère et l’enfant ont pris un taxi pour Neuchâtel où une femme, "sympathisante du mouvement", les a hébergées. "Cette dernière les a conduites à Sainte-Croix", a-t-il renchéri.
Face aux enquêteurs, un des suspects a indiqué qu’ils avaient remis Mia de l’autre côté de la frontière franco-suisse. Dans la soirée du samedi, les autorités ont su que la petite se trouvait dans le squat. Une intervention policière a été ainsi menée dimanche matin.
D’après toujours le procureur, les enquêteurs ont localisé Mia et sa mère Lola Montemaggi à 10h45, dans une usine désaffectée squattée de la commune de Sainte-Croix (Vaud en Suisse).
Selon les premiers éléments de l’enquête, la mère n’a montré aucune résistance durant l’interpellation. A la presse française, des témoins ont relaté que l’arrestation de la mère a été très rapide. Selon eux, des enquêteurs suisses cagoulés sont arrivés à bord de deux fourgons.
Le procureur du canton de Fribourg, Jean-Luc Mooser, a, de son côté, noté que quelques craintes ont été ressenties du fait que Mia et sa mère se retrouvaient dans un squat occupé par de nombreuses personnes. "La police a été prudente, et a attendu un moment et quand la fille et la mère sont sorties, là elles ont été interpellées", a-t-il rapporté. Il a également indiqué qu’une première tentative d’interpellation a eu lieu à Neuchâtel, mais cela a échoué. "Quand la police est intervenue, elles étaient déjà parties parce qu’une personne de Neuchâtel avait conduit Mia et sa maman dans ce squat à Sainte-Croix", a détaillé le procureur.
Lola Montemaggi et le ressortissant français, se faisant appeler Roméo, ont été arrêtés dimanche en Suisse. En attendant une procédure d’extradition, ils sont détenus dans ce pays. François Pérain a indiqué qu’un mandat d’arrêt européen sera délivré très rapidement pour rapatrier la mère en France.
Quant à la petite Mia, une délégation, composée d’un assistant social et d’une psychologue, s’est déplacée pour la prendre en charge avant de la remettre à sa grand-mère. Selon le procureur, celle-ci a été désignée "tiers de confiance" par la justice, en janvier, rappelle Ouest France.
Me Guillaume Fort, avocat des grands-parents paternels de la petite Mia, a confié que ces derniers ont tenu à remercier tous ceux qui ont contribué à retrouver leur petite-fille. "Ils ne pensent qu’à l’intérêt de Mia. Ils l’ont élevé pendant 5 ans ; elle représente la prunelle de leurs yeux", a-t-il noté.
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