Il y a 5 ans, les noms des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly ont fait le tour des médias après les attentats de "Charlie Hebdo" et de l’Hyper Cacher.
Le 7 janvier 2015, deux terroristes ont attaqué les locaux de Charlie Hebdo. Comme tant d’autres Français, cet attentat a touché Saïd. Mais sa peur et sa stupeur ont doublé quand il a découvert que les deux frères terroristes, en cavale, s’appelaient : Chérif et Saïd Kouachi. Ce dernier, qui est l’aîné, porte ainsi le même nom que lui. "Le ciel m’est tombé sur la tête", s’est-il rappelé, cinq ans plus tard, rapporte France Info. Il a relaté que son neveu l’a appelé en disant "tonton, le terroriste a le même nom que toi. Reste bien chez toi et fais attention".
A partir de cet instant, Saïd Kouachi a eu peur qu’on lui associe à cette horreur, même si hormis leur état civil, les deux homonymes n’ont rien à voir. En effet, le terroriste a 34 ans et il a passé sa vie entre Paris, la Corrèze et la Marne tandis que S. Kouachi, la cinquantaine, habite dans la région lyonnaise. Toutefois, "c’est un choc de voir son nom diffusé partout sur les chaînes d’info", a-t-il précisé.
Par ailleurs, au travail, un collègue l’appelait "le terroriste". "Au début, c’était pour rire, mais un jour, on a failli en venir aux mains et cela a fini dans le bureau du directeur", a-t-il relaté.
Cette situation insupportable a été aussi vécue par Amedy Coulibaly, un homme d’origine malienne, portant le même nom que le terroriste de l’Hyper Cacher. Peu après l’assaut, ce père de famille a affirmé avoir "vécu un enfer". "Les journalistes m’ont appelé puis des gens pour m’insulter parce qu’ils croyaient que j’étais de sa famille. Même la famille de ma femme a appelé du Mali", s’est-il souvenu. Interrogé par FranceInfo, il a confié qu’il a eu honte, "pas de mon nom, qui est celui de mon père et de milliers de familles au Mali. Mais qu’un jeune de chez nous puisse faire cela".
Au bureau, il s’est fait "discret", "dans les entreprises où je me rendais, on a commencé à me regarder de travers", a raconté ce technicien logistique. Comme Saïd, A. Coulibaly a subi les brimades de ses collègues qui lui ont dit "regarde ce qu’il a fait ton fils".
Toutefois, selon lui, les gens dans la banlieue où il vit ont commencé à comprendre que ce n’est pas parce qu’on s’appelle ’Coulibaly’ qu’on est forcément de la même famille.
Néanmoins, l’angoisse est toujours présente, à cause de cet homonyme notamment, quand il envoie un courrier administratif ou qu’il va à un bureau ou à l’hôpital.... "Chaque fois qu’on voit mon nom et mon adresse, j’ai peur qu’on me prenne pour le père du terroriste et qu’on cherche à me faire payer pour lui", -a-t-il détaillé. D’après ses dires, "c’est comme si, sans avoir rien fait, j’étais coupable. Coupable d’être qui je suis".
Comme lui, plusieurs homonymes ont été stigmatisés parce qu’ils portent le même nom de famille que ces terroristes. Peu après la prise d’otages, faisant 4 morts, Omar Coulibaly, un humanitaire a réagi dans une tribune publiée par Le Monde.
"Mon nom est Coulibaly. Le même que le tien, ce nom que tu as sali, humilié, souillé, je continuerai à le porter. Sais-tu ce que représente ce nom ? Celui de milliers de vies, en France, en Afrique surtout, et sans doute ailleurs", a-t-il fustigé.
Pareillement, la famille d’Elia Kouachi, 32 ans, originaire de Clermont-Ferrand, a été aussi harcelée. "Sur Facebook, des gens ont écrit à ma sœur pour la sommer de changer de nom. Mon père, lui, a reçu des appels mal intentionnés", a-t-elle raconté. Par ailleurs, mon frère, directeur régional dans son entreprise, a été obligé de prendre les devants et dire à son équipe qu’il n’avait rien à voir avec les terroristes.
Sur France Info, E. Kouachi a révélé que depuis qu’elle a décroché son master de droit public, en 2015, elle a postulé à des offres d’emploi, mais systématiquement, elle n’a eu que des refus. "J’ai tout essayé : les collectivités, les associations, les tribunaux, etc. Des CV avec photo, sans photo... A chaque fois, on me dit non sans explication", a-t-elle raconté.
Pour améliorer son CV, elle a décidé de déménager à Paris où elle a eu un deuxième master en environnement de la Sorbonne et du Muséum national d’Histoire naturelle. Pourtant, la situation reste la même. Récemment, E. Kouachi a postulé à une offre dans son domaine. "Mais tout ce qu’on m’a proposé, c’est un stage", a-t-elle déploré, sur France Info, en détaillant que même pour faire du bénévolat, "personne ne veut de moi".
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