Dans des épistolaires révélés par la cellule investigation de Radio France, l’abbé Pierre s’est montré menaçant envers ceux qui ont voulu parler de ses agissements.
L’abbé Pierre est accusé d’agressions sexuelles par une vingtaine de femmes. Un autre rebondissement dans cette affaire est rapporté par France Info. La cellule investigation de Radio France a mis la main sur des échanges épistolaires de l’abbé Pierre avec certains de ses contacts qui ont pu organiser plusieurs séjours notamment en Amérique et au Canada.
De nombreuses femmes à New York, Chicago et Washington se sont plaintes du comportement de cet homme de l’Eglise durant son déplacement aux Etats-Unis courant 1955.
Face à cette situation, Suther Marshall, un étudiant américain qui avait co-organisé son voyage, avait écrit à un des proches de l’abbé Pierre.
"J’ai vu tant de choses pendant le voyage, des façons d’agir de l’abbé comme individu. Je pense, par exemple, à Chicago, quand il avait été explicitement décidé que la condition de continuer le voyage, était que le père ne soit jamais seul. Il était d’accord et après [il disparaissait] pendant des heures, au point d’être en retard pour une réunion", a-t-il indiqué.
La réplique du fondateur de l’Emmaüs a été explicite dans un courrier menaçant. "Tu promettais de ne plus te mêler de cette multitude de choses où tu ne sais accumuler que des ravages, chaos et infections […] Sache que pas une récidive ne restera sans réponse, et s’il le faut [mes réponses seront] brutales, chirurgicales", a écrit l’abbé Pierre.
Le même scénario s’est reproduit au Québec (Canada) quelques années plus tard. Dans une lettre manuscrite que la cellule de Radio France a pu procurer, l’abbé Pierre a explicitement mentionné que la police est intervenue.
Le 6 septembre 1959, alors qu’il séjourne dans une abbaye au Québec, il a écrit au révérend Roy, un cardinal québécois qu’il soupçonne d’être au courant de ses agissements. "Tout est faux dans ces accusations. Jamais rien de ce genre de misère n’a existé, jamais cela n’a existé où que ce soit, aucun de ces faits de police misérables dont vous avez parlé. S’il faut plus que ma parole, je puis vous donner de cela le serment", a-t-il lancé.
Le père a proféré des menaces en écrivant : "Il faut que ceux qui tiennent ces propos sachent que, s’ils confirment de telles calomnies infâmes, je ne pourrai pas ne pas les poursuivre devant les tribunaux".
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