La praticienne est soupçonnée d’avoir profité financièrement d’un couple de nonagénaires dont elle prenait soin. Le montant évoqué atteint des centaines de milliers d’euros.
Une pharmacienne de 59 ans a comparu le lundi 19 mars 2018 à Versailles pour des soupçons d’abus de faiblesses. Elle devra notamment s’expliquer sur des opérations financières avec ses voisins, d’un montant atteignant 500 000 euros. Les voisins, un couple de nonagénaires respectivement âgés de 93 et 95 ans avaient refusé de rejoindre une maison de retraite. En mai 2014, ils avaient accepté l’aide d’une voisine qu’ils connaissaient depuis une bonne dizaine d’années. Cette dernière leur avait proposé de s’occuper d’eux.
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Le couple âgé confie alors une carte bancaire à la pharmacienne et lui donne la procuration sur leur compte. Le couple de nonagénaires sans enfants a même modifié son testament en faveur de leur voisine. Malheureusement en août 2016, Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, a réalisé un signalement. Lors d’une enquête ouverte par la justice, les investigateurs mettent à jour des chèques et retraits atteignant 221.500 euros sur 18 mois. Outre ces transactions bancaires intempestives, la pharmacienne a également racheté l’assurance-vie du couple et leur maison en viager. Le montant total des opérations équivaut à 467 000 euros, selon l’enquête.
Les deux nonagénaires étant décédés en 2017, c’est leur nièce qui s’est portée partie civile en tant que leur légataire universelle. À la barre pourtant, la prévenue a déclaré que toutes "les dépenses sont justifiées". Elle affirme avoir financé le quotidien du couple avec tout cet argent. "Je ne me suis pas enrichie, pas d’un seul centime", se défend-elle. Le fils de la prévenue a également été poursuivi pour "recel d’abus de faiblesse". Il aurait encaissé un chèque sur son compte. Par ailleurs, il se serait porté associé dans le rachat de la maison. L’homme a également nié à la barre toute infraction.
Outre cette affaire d’abus de faiblesse avec un couple de nonagénaires, la pharmacienne est également mise en cause par rapport à l’emploi d’une aide à domicile. La jeune femme, d’origine tunisienne, travaillait pour elle et pour le couple. Elle n’a reçu que quelques centaines d’euros en salaire entre 2013 et 2016. D’après l’accusation, cette aide n’aurait également pas reçu de congés ni de liberté de mouvement. La prévenue a également contesté les faits.
Pour cette affaire mise en délibéré pour le 14 mai 2018, le procureur a requis 3 à 4 ans de prison, dont "la plus grande partie" avec sursis. Il demande également 50 000 euros d’amende pour la prévenue. Pour le fils de cette dernière, 3 à 6 mois de prison avec sursis ainsi que 5 000 euros d’amende ont été requis. "Ils avaient confiance en elle, elle s’est servie de cette confiance", a relevé Me Paul Couture, avocat de la nièce. D’après lui, plus rien n’était resté au jour de la mort du couple de nonagénaires. La défense a plaidé la relaxe, faute d’éléments par rapport au second dossier. Si Me Alexandre Simonin reconnaît les "excès" de sa cliente, il a cependant souligné les "rapports d’affection" entre le couple de nonagénaires et la pharmacienne. Il a également pointé l’absence de traces "d’enrichissement personnel".
Source : Le Point, Le Figaro