Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) craint que les "terroristes islamistes" voient dans le verdict au procès d’Abdelkader Merah "un signe de faiblesse".
La cour d’assises spéciale de Paris s’est prononcée jeudi soir dans le cadre du procès d’Abdelkader Merah. Ce dernier a été condamné à 20 ans de réclusion sans être reconnu coupable des assassinats commis par son frère Mohamed Merah en mars 2012. Il a par ailleurs été reconnu coupable d’association de malfaiteurs terroriste criminelle, mais pas complice des sept assassinats. De son côté, Fettah Malki, accusé d’avoir vendu l’arme et le gilet pare-balles au terroriste a écopé de 14 ans de réclusion criminelle tout en étant reconnu coupable d’association de malfaiteurs terroriste. Les peines des deux hommes sont associées à une peine de sûreté des deux tiers. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a immédiatement réagi après l’annonce de ce verdict.
Dans un communiqué, le président du Crif Francis Kalifat reconnaît que "la justice est passée". En revanche, il "regrette que la justice n’ait pas été au bout alors que les éléments du dossier le justifiaient, et craint que les terroristes islamistes voient dans ce verdict un signe de faiblesse", précise le texte relayé par Le Figaro. Selon lui, ce procès était une étape dans la compréhension de la fabrication de la haine en France. Une situation qui doit pousser chacun à rester vigilant à tous les instants, a-t-il ajouté. "Abdelkader Merah reste totalement coupable au regard de la douleur des familles et de l’horreur du crime commis par son frère, qu’il avait radicalisé et instrumentalisé en bras armé de son idéologie mortifère", a-t-il indiqué.
Joël Mergui, président du Consistoire est allé plus loin en jugeant le verdict de "fatalement décevant au regard des vies brisées". Selon lui, Abdelkader Merah est parfaitement responsable de la haine antisémite ayant nourri le projet terroriste de son frère même si les preuves matérielles sont insuffisantes. Ce procès "nous aura permis de rentrer dans le mécanisme de la haine antisémite, lentement, mais implacablement distillée au sein du milieu familial", a-t-il écrit dans un communiqué. Le président de l’instance représentative du culte juif a ensuite lancé un appel à examiner de près les moyens de combattre cette haine nourrie qui explose dans l’espace public fréquenté par tous.