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La mort de Shaoyo Liu, 56 ans, tué dimanche par un policier à Paris a entraîné des manifestations dans le 19e arrondissement. La communauté chinoise estime être délaissée par les autorités policières et judiciaires.
La police et les autorités judiciaires françaises présenteraient de nombreuses défaillances, d’après la communauté chinoise. Quelques jours après la mort de Shaoyo Liu, un ressortissant chinois de 56 ans, tué le 26 mars 2017 par un policier à son domicile à Paris, une enquête est menée, mais les doutes subsistent. "Malaise général", "traitement différencié", "prise en charge ralentie", telles sont les accusations que la communauté chinoise impute aux membres des forces de l’ordre.
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Entre la version des policiers de la Bac et celle des proches de la victime, il y a une grande différence. Les policiers avaient déclaré que Shaoyo Liu les avait menacés d’une paire de ciseaux, les obligeant alors à tirer. La famille, elle, évoque un coup de feu sans sommation. Les jours qui ont suivi la mort de Shaoyo Liu, des centaines de manifestants ont défilé dans les rues du 19e arrondissement, parfois avec violence. Une frustration générale était perceptible envers la police et la justice à Paris.
D’après Calvin Job, l’avocat de la famille Liu, il y aurait bel et bien un traitement différencié pour les personnes issues de la communauté chinoise. "Des préjugés existent, par exemple celui qui consiste à lier les personnes d’origine asiatique à des organisations mafieuses", explique ce dernier dans une interview à LCI. De son côté, Tamara Lui, présidente de l’association Chinois de France - Français de Chine, évoque "des délais de prise en charge très longs" par rapport aux plaintes émises par les Chinois à Paris. "Ce n’est pas forcément une réalité vécue par tous, mais tout le monde partage l’idée que les relations avec la police française sont parfois compliquées", déclare-t-elle.
Du côté du ministère de l’Intérieur, les réponses sont évasives quant à cette situation de tension au sein de la communauté chinoise. L’équipe ministérielle renvoie vers les mesures annoncées en septembre 2016 par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Bernard Cazeneuve. "Le problème, c’est que la justice ne considère pas certains actes comme racistes", déplore Jackie XaoHua Troy, vice-président du Conseil représentatif des associations asiatiques de France (Craaf).