Plus de 200 millions d’euros en provenance des Etats-Unis ont été blanchis via des sociétés basées en Auvergne. Le parquet national financier a mis à jour un réseau lié à des jeux en ligne illicites.
C’est une information exclusive d’Europe 1, pendant des années, des dizaines de millions d’euros ont transité via plusieurs sociétés basées en Auvergne. Le parquet national financier a mené son enquête et a révélé un complexe circuit de blanchiment d’argent lié à des jeux en ligne illicites aux Etats-Unis.
L’enquête a débuté en 2013. Plusieurs banques de Clermont-Ferrand, en Auvergne, soupçonnaient le train de vie inhabituel d’un de leurs clients. Ses comptes en banque étaient souvent renflouées d’importantes sommes d’argent en provenance des Etats-Unis, et rapidement virées à d’autres bénéficiaires. Les établissements bancaires effectuent alors un signalement à Tracfin, l’organisme du ministère de l’Economie chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent. L’enquête, menée par la police judiciaire de Clermont-Ferrand et l’office central de lutte contre la corruption et les infractions financières (OCLCIFF), révèle que le client en question reçoit des entreprises dédiées au blanchiment, des sommes comprises entre 10 et 700 dollars (9 et 650 euros). Ces dernières proviennent des comptes de particuliers américains, qui misaient sur des plateformes illicites de paris en ligne.
Selon le parquet national financier (PNF) les sommes provenant des Etats-Unis transitaient par six Etats membres de l’Union Européenne : Danemark, Allemagne, Espagne, Lettonie, Lituanie et Estonie. Puis plusieurs centres financiers offshore, notamment en Asie. Les enquêteurs ont sollicité la collaboration des magistrats et des policiers de ces pays afin de mettre la main sur ce réseau illicite. Ils ont pu ainsi reconstituer l’ampleur des délits, évalués à plus de 230 millions d’euros d’argent illicitement converti. Avec le soutien d’Europol, les enquêteurs ont mené une quinzaine de perquisitions dans plusieurs pays européens, dans le cadre d’une opération baptisée "play and win" (jouer et gagner). Ces dernières ont permis de saisir quatre voitures de luxe et sept biens immobiliers appartenant au suspect français, au train de vie très élevé. Au total, le montant des avoirs saisis s’élève à 3,5 millions d’euros.
Le principal suspect, pas encore mis en examen, risque jusqu’à 10 ans de prison pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée.