Alors qu’il devait être opéré à Paris, un enfant cardiaque d’origine malgache est mort entre ciel et terre à bord du vol AF 935 Antananarivo-Paris. Que s’est-il réellement passé ?
La respiration saccadée, le petit garçon malgache était allongé par terre et ne pleurait plus. Deux ou trois personnes l’entouraient, dont une hôtesse qui lui faisait des massages cardiaques. L’enfant qui devait être opéré à Paris était totalement immobile dans cet avion qui a décollé de la capitale malgache. Le commandant de bord a immédiatement annoncé que l’appareil devait être dérouté vers Brindisi, en Italie à cause d’une "urgence absolue". "Nous avons atterri à toute vitesse puis nous avons été informés que le passager en détresse avait été évacué", a confié Marie-France une des passagères à bord du vol AF 935 Antananarivo-Paris sur le récit du JDD.
Avec une autre passagère nommée Rima, Marie-France a décidé d’enquêter sur ce drame. Les deux femmes ont alors appris que l’enfant, souffrant d’une maladie cardiaque, devait subir une intervention chirurgicale à l’hôpital Necker. Il est décédé alors qu’il voyageait en compagnie de l’association Aviation sans frontières. L’une d’entre elles a confié avoir aperçu que l’enfant n’allait pas bien dès la salle d’embarquement. "La manière dont il est mort doit donner lieu à une réflexion. Peut-être qu’il aurait pu prendre un calmant, qu’il n’était pas préparé à la séparation", a-t-elle indiqué. Le garçon de 2 ans atteint d’une malformation cardiaque depuis sa naissance était jugé apte au voyage après une échographie du cœur. L’examen a été effectué par un très bon spécialiste d’Antananarivo et validé par un cardiologue de l’hôpital Necker, à Paris. "Sa vie était en danger, l’opération à cœur ouvert devait avoir lieu en urgence. A Madagascar, cette mission était impossible faute de plateau technique et de réanimation", détaille Eric Cheysson, président de l’ONG La Chaîne de l’espoir.
Interrogée au sujet de cette tragédie, Air France a refusé de faire des commentaires. Un porte-parole de la compagnie s’est contenté d’expliquer qu’il peut arriver de mourir dans l’avion. Mais par respect pour la vie privée de ses passagers, ils ne communiquent jamais sur ces sujets. Jean-Yves Grosse à la tête d’Aviation sans frontières a assuré qu’un retour d’expérience sera organisé. L’association fondée en 1980 par des pilotes d’Air France pour de nobles causes a déjà accompagné 10 000 enfants pour le compte de différentes ONG. "Nous faisons face à un paradoxe : nous accompagnons des enfants malades, pourtant nous devons nous assurer qu’ils sont en état de voler", a déclaré le responsable. Le corps de la victime a été remis ce vendredi matin à sa famille à Madagascar.
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