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"Je n’osais plus bouger, je ne parlais plus". Tels sont les mots de Mathilde Monnet, aujourd’hui âgée de 16 ans, pour évoquer son calvaire et sa descente aux enfers.
Pendant deux ans, Mathilde Monnet a subi le harcèlement répété de ses camarades de classe. Pour apaiser sa souffrance, elle a dénoncé le harcèlement scolaire dans un livre poignant "14 ans, harcelée". Elle y raconte la honte, la peur et la souffrance qu’engendrent les insultes, les brimades et les humiliations qu’elle a subies au collège.
Tout a commencé par des moqueries sur un défaut de dentition et une déformation de la mâchoire. "sale castor", "rat"… les surnoms peu flatteurs vont bon train. Le collège deviendra très vite un enfer pour la jeune fille, qui subira les insultes, les humiliations puis la violence de plusieurs personnes de sa classe pendant de longs mois. Alors que les faits divers concernant des cas de harcèlement scolaire se font de plus en plus nombreux, Mathilde raconte en détail ses années de calvaire dans son livre "14 ans, harcelée". Jeune fille précoce, elle va subir les brimades sans que ni l’équipe éducative ni ses parents, auxquels elle cache tout, ne s’en aperçoivent. C’est par l’écriture qu’elle échappera au harcèlement et aux violences permanentes.
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"Etre frappée était devenu aussi normal que respirer", confie la jeune fille dans son livre-thérapie. Peu à peu, elle perd confiance en elle, se dévalorise et manque de sombrer dans la folie. "Insultée de toute part, sans cesse humiliée et dévalorisée, traitée quotidiennement de handicapée et de débile mentale, je finis par douter de mes capacités intellectuelles", déplore-t-elle. Malgré un léger décrochage scolaire, sa famille ne se doute de rien. Pendant ce temps, les professeurs ferment les yeux, laissant la jeune fille se faire maltraiter durant leurs cours. Au bout de ces deux années, Mathilde décide enfin d’en parler et de porter plainte contre ses agresseurs. Au final, quatre harceleurs ont eu des rappels à la loi, mais aucun n’a fait l’objet de poursuites. Face au peu de considération des équipes pédagogiques et à l’absence de repentance de ses agresseurs, Mathilde éprouve encore aujourd’hui beaucoup de ressentiment. "Comment peuvent-ils continuer de vivre comme si rien ne s’était passé ?", se questionne-t-elle.
Aujourd’hui, elle se reconstruit progressivement, mais explique qu’elle ne pourra pas complètement aller de l’avant "tant qu’il n’y aura pas justice". Une opération de la mâchoire lui a permis de retrouver peu à peu son estime de soi. "J’aimerais retrouver ma vie d’avant, car ils m’ont volé mon enfance. Mais je sais que ce sera impossible", confie-t-elle. "Je vis au jour le jour, je profite de cette sécurité physique retrouvée, une certaine légèreté aussi, comme une lycéenne normale", conclut-elle.