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Mis en examen dans l’affaire Bygmalion, Franck Attal, l’organisateur des meetings de l’ancien président Nicolas Sarkozy, a livré sa version des faits à France 2 pour l’émission Envoyé Spécial. Dans ce document exclusif, il explique comment s’est mis en place un système de double facturation à l’UMP.
L’enquête d’Envoyé Spécial sur l’affaire Bygmalion se dévoile. Des extraits de l’interview clé de Franck Attal, ex-directeur de la filière évènementielle de l’agence de communication, ont été dévoilés jeudi lors du JT de 20h de France 2, soit 3 semaines avant sa diffusion en intégralité. "Je suis prêt à m’expliquer avec Nicolas Sarkozy", a-t-il lancé.
Il est la pierre angulaire du système Bygmalion. Dans l’entrevue, Franck Attal parle entre autres d’une entrevue qu’il aurait eue avec le directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy. "On a fait beaucoup de meetings et on a un plafond qui va être atteint. (...) Vous allez nous déplacer la facturation", lui aurait dit Jérôme Lavrilleux. "Vous nous livrez les meetings dans les formats habituels et il y aura une partie de la facturation liée aux meetings que vous facturerez à l’UMP, ce qui nous permettra de tenir la ligne du compte de campagne", lui aurait-il également demandé. La version de Franck Attal est confortée par deux de ses associés, mais contestée par Jérôme Lavrilleux.
Franck Attal est mis en examen pour "complicité de financement illégal de campagne électorale". Sans se dédouaner de ses torts, il regrette surtout l’attitude des responsables de l’UMP, qui réfuteraient leur responsabilité dans la fraude. "La vérité, c’est pas une vérité qui m’innocente. C’est juste une vérité qui limite ma culpabilité au fait que oui, j’ai continué à livrer des meeting en étant au courant qu’au niveau des facturations les choses ne se faisaient pas de manière académique. Et il aurait été noble que des gens qui prétendent aux plus hautes fonctions de l’Etat aient au moins le même comportement que le mien. Ces gens-là, moi je suis prêt à les rencontrer et à parler avec eux sur un plateau télé. (..) Je suis prêt à m’expliquer avec Nicolas Sarkozy sur un plateau télé, et que l’on défende, argument contre argument, les faits qui sont relatifs à mon action à moi dans cette affaire", clame-t-il.
Selon France 2, le nom de Franck Attal apparaît à 34 reprises dans les déclarations de Nicolas Sarkozy devant les policiers qui l’ont interrogé pendant sa garde-à-vue. Mais à chaque fois, l’ancien président évoque Franck Attal pour affirmer qu’il ne le connaît pas, et l’accuser de "mensonges". Pourtant, les deux compères se sont vues à maintes reprises. "On s’est croisé 45 fois sur des meetings, il m’a suivi 45 fois pas à pas pour retrouver son pupitre, il m’a appelé une trentaine de fois, mais en 2016 il ne me connaît pas ?", s’interroge l’homme. S’ils se connaissaient, Franck Attal affirme en revanche que l’ex-président et lui n’ont jamais discuté face à face du système de fausses factures mis en place par Bygmalion. Mais pour l’homme d’affaires, le candidat à la primaire n’assume pas ses responsabilités.
Nicolas Sarkozy conteste la version de Franck Attal. Sollicité par France 2, il n’a pas répondu à ces accusations. Il y a une semaine, le parquet de Paris a demandé le renvoi devant le tribunal correctionnel de Nicolas Sarkozy et de treize autres personnes dans le cadre de l’affaire Bygmalion. L’intégralité de cette enquête sera diffusée dans le premier numéro d’Envoyé spécial, le 29 septembre.