Victime d’un AVC sur son lieu de travail, une jeune factrice de 25 ans est aujourd’hui en arrêt longue maladie. Son cas n’a pas été pris au sérieux par les responsables au moment des faits. "Fais ton travail et on appellera les pompiers ensuite", lui a rétorqué son supérieur face à son malaise.
C’est une histoire troublante que révèle France 3 mardi 6 septembre. Les faits ont eu lieu en février dernier, mais la concernée témoigne aujourd’hui de son grand désarroi et des séquelles lourdes qu’elle a subit après son AVC. Un accident vasculaire qui s’est amplifié sur son lieu de travail à la plateforme de distribution du courrier de La Poste à Villeneuve d’Ascq. Emeline Broequevielle, jeune factrice de 25 ans, a déposé une plainte le 3 mars dernier à la gendarmerie d’Orchies. Elle poursuit ses trois supérieurs hiérarchiques présents le jour de son AVC, pour non-assistance à personne en danger.
L’incident dont Emeline Broequevielle gardera à vie les séquelles, est survenu le matin du vendredi 19 février 2016, rapporte France 3. Ce jour-là, cette employée de La Poste de Villeneuve-d’Ascq (Nord), âgé de 25 ans et mère de deux jeunes enfants, se rend au travail sur l’instance de sa hiérarchie, alors qu’elle ne se sentait pas bien. "J’ai envoyé un message à mon chef pour le prévenir, puis il m’a appelée et m’a mis la pression pour venir travailler", se souvient-elle. Malgré son malaise, elle se sent obligée de venir. Une fois à son poste, la douleur à la tête ne fait qu’empirer. "J’avais vraiment mal à la tête, mais un mal de tête pas comme d’habitude. Je commençais à ne plus sentir ma jambe et j’avais mal au bras", a-t-elle raconté. Elle ne le sait pas encore, mais elle est victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC). A plusieurs reprises, elle serait allée voir son responsable pour lui expliquer son malaise. Mais ce dernier aurait ignoré ses plaintes. Emeline Broequevielle explique qu’il lui aurait répondu : "Finis ton travail, on appellera les pompiers tout à l’heure". Elle devra attendre trois heures avant que les secours n’arrivent.
Trois heures après la prise de service, la jeune femme est finalement prise en charge par une ambulance et emmenée à l’hôpital, sur l’insistance "autoritaire" d’un collègue syndicaliste et membre du CHSCT. Les médecins lui font passer une IRM. C’est un AVC, le côté droit du cerveau est atteint et il y a une fissure sur une valve du cœur. Emeline Broequevielle reste en soins intensifs durant six jours. Elle garde des séquelles, telle une paralysie partielle de la jambe gauche. Emeline estime que sans l’intervention de son collègue, elle aurait aujourd’hui des séquelles beaucoup plus graves. Elle aurait pu succomber. Depuis, la factrice n’a pas réintégré son travail. Elle a déposé plainte en mars dernier pour non-assistance à personne en danger et a constitué "un dossier pour être reconnue travailleur handicapé".
Selon la victime et ce que les médecins lui ont expliqué, le stress accumulé à son travail aurait provoqué son AVC. La direction de La Poste, elle, réfute totalement la version de son employée. Sur France 3, l’entreprise a expliqué que la salariée "a déclaré par téléphone à son encadrant vouloir venir travailler sans aller consulter un médecin", qu’elle "ne souhaitait pas l’intervention des pompiers" et que c’est son encadrant qui a finalement contacté le 15.