Dans une interview accordée au Monde, le Premier ministre Manuel Valls a mis en cause la décision de la justice antiterroriste de libérer Adel Kermiche, impliqué dans l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray.
Adel Kermiche, l’un des auteurs de l’attentat à l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray a été assigné à résidence et placé sous bracelet électronique avant d’avoir commis cet acte ignoble. Le chef du gouvernement Manuel Valls a reconnu dans un entretien publié vendredi matin sur le site du Monde que cette mesure était "un échec". "Cela doit conduire les magistrats à avoir une approche différente, dossier par dossier, compte tenu des pratiques de dissimulation très poussées des jihadistes", a-t-il indiqué. Le Premier ministre a affirmé qu’il ne sera pas "celui qui, au mépris de tout équilibre des pouvoirs, tomberait dans la facilité de rendre ces juges responsables de cet acte de terrorisme".
Après les derniers événements qui se sont succédé en France ces derniers jours, c’est la première fois que l’exécutif fait son mea culpa en reconnaissant un échec. Dans son interview, Manuel Valls a déclaré qu’il comprenait les interrogations suscitées par le suivi judiciaire d’Adel Kermiche, coauteur de l’égorgement du prêtre Jacques Jamel. Il faut noter que lui et l’autre tueur, Abdel Malik Petitjean, 19 ans également, faisaient l’objet d’une fiche "S".
Enfin, Manuel Valls n’a pas hésité à adresser un message à Nicolas Sarkozy, président des républicains, qui depuis plusieurs jours, demande de placer en détention provisoire toutes les personnes sous contrôle judiciaire pour terrorisme. "Nicolas Sarkozy perd ses nerfs", a-t-il jugé. "Certains cherchent à discréditer la gauche en alimentant les peurs pour se constituer un capital politique. Mais ni la primaire de la droite ni l’élection présidentielle ne justifient de telles attitudes", a-t-il poursuivi en critiquant le populisme de certains. Le chef du gouvernement a conclu en insistant sur le triptyque à casser à savoir la peur, la surenchère et le populisme. "Il faut y opposer la vérité, le sang-froid et le respect de l’État de droit", a-t-il fait savoir.