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Une nouvelle affaire de pédophilie vient secouer l’église. Un établissement jésuite de Paris est soupçonné d’avoir couvert des attouchements sur des enfants. Depuis 2010 une des victimes dénonce en vain ces actes commis selon France Info dans les années 50.
L’église n’en finit pas d’être secouée par les accusations de pédophilie. Cette fois les faits se seraient produits au prestigieux lycée jésuite Saint-Louis de Gonzague, dans le 16ème arrondissement de Paris. France Info a recueilli le témoignage d’un ancien élève, Jean-Pierre Martin-Vallas, qui depuis 2010 tente de dénoncer les pratiques d’un prêtre dans les années 50. Le curé en question est aujourd’hui décédé. La hiérarchie jésuite refuserait d’enquêter sur ces faits.
"Il s’est mis dans mon lit"
Jean-Pierre Martin-Vallas, âgé aujourd’hui de 70 ans, a attendu la mort de ses deux parents, qui étaient proches du père jésuite, pour briser le silence. Sur France Info, cet homme raconte que les faits remontent à 1953. Il n’avait que 8 ans lorsqu’il participe à une colonie de vacances organisée par l’établissement de jésuite. Lors de ces vacances, un responsable jésuite se serait glissé dans son lit pour le toucher. "Quand il est passé devant moi, il s’est mis dans mon lit, il a commencé à me caresser le torse en passant ses mains sous ma veste de pyjama et, à un moment, il a passé sa main à l’intérieur de ma culotte de pyjama, sur les fesses. J’ai réagi, il est sorti du lit et je n’en ai plus entendu parler", a-t-il raconté, sans tabou.
Dix autres témoignages de victimes
Convaincu que ce père jésuite a fait de nombreuses autres victimes, il rentre alors en contact avec un millier d’anciens élèves et reçoit dix témoignages, dont certains particulièrement accablants. En 2010, Jean-Pierre Martin-Vallas alerte l’établissement et réclame une enquête interne. Mais aucune réponse positive. Il s’est alors tourné vers le Provincial, le responsable des jésuites de France, le père Grenet, qui lui adresse une fin de non-recevoir. Il raconte : "Le Provincial a répondu : ’J’estime que quarante ans après ces faits, ces enfants doivent avoir trouvé un équilibre de vie satisfaisant, qu’il n’y a pas lieu de les perturber. De plus, ce prêtre étant mort, il n’y a aucun intérêt à faire une enquête’".
Un "groupe d’accueil" mis en place
S’ensuivent quatre années de bras de fer. Jean-Pierre Martin-Vallas s’adresse au Vatican, et en réponse, les jésuites consentent à mettre en place un "groupe d’accueil" en 2014. "C’est un groupe chargé d’inviter les victimes à prendre du thé avec les Jésuites, à écouter des paroles mielleuses et onctueuses, et à repartir en ayant refermé la boîte de pandore, pour ne plus jamais en parler", dénonce l’ancienne victime. Aujourd’hui, face aux affaires de pédophilie signalées dans d’autres paroisses, le père Grenet déclare : "envisager de dire aux personnes qui ont été victimes que nous sommes disponibles pour les entendre. Dois-je lancer une enquête ? (...) Je ne peux pas répondre là-dessus aujourd’hui".