Le 18 janvier, Jérôme Kerviel sera de nouveau au tribunal pour demander la révision de son procès. Un tournant dans l’affaire d’autant que Nathalie Le Roy, ancienne commandante de la Brigade financière, a rendu public un enregistrement clandestin. Elle pense avoir été "instrumentalisée" par la Société générale.
Jérôme Kerviel, l’ex-trader accusé d’avoir fait perdre 4,9 milliards d’euros à la Société générale, a été condamné à trois reprises à cinq ans de prison, dont trois ferme. Le 18 janvier, il sera de nouveau au tribunal pour demander la révision de son procès. Le témoignage de Nathalie Le Roy va marquer un tournant dans cette affaire complexe. "La Société générale m’a emmenée dans la direction où elle voulait qu’on aille", témoigne l’enquêtrice. Aujourd’hui, elle pense avoir été "instrumentalisée" et dit sa "colère" contre elle-même.
Ce dimanche, elle a rendu public un enregistrement clandestin de Chantal de Leiris. Vice-procureure au parquet de Paris, celle-ci déclare alors que l’enquête a été "manipulée" par la Société générale. Elle explique sa démarche en exclusivité à 20 Minutes.
"J’ai commencé à avoir des doutes sur l’affaire Kerviel dès 2012", confie-t-elle d’emblé avant de préciser qu’au fur et à mesure que l’enquête avançait les doutes "se sont transformés en certitudes". "Une fois détachée de mes fonctions au sein de la Brigade financière le 1er mars 2015, j’ai donc décidé de poursuivre mes investigations, seule, de manière informelle. C’est dans ce cadre que j’ai pris rendez-vous avec Chantal de Leiris. Et j’ai pris la précaution d’enregistrer les preuves des dysfonctionnements que je dénonce depuis un an", explique alors l’enquêtrice.
Nathalie Le Roy a ensuite remis l’enregistrement à David Koubbi, l’avocat de Jérôme Kerviel. "J’ai donc décidé de remettre cet enregistrement à David Koubbi, à toutes fins utiles. Je ne voyais pas à qui d’autre faire part de ces éléments pour les rendre publics", précise-t-elle. Pourquoi maintenant ? "Parce que je me rends compte que la Société générale persiste à prétendre que mes doutes, mes assertions, ne reposent que sur un ressenti personnel. C’est du reste ce qu’elle a encore répété lors de l’émission ’Complément d’enquête’ sur France 2 le 14 janvier", tente-t-elle de se justifier.
Elle détaille encore plus tout au long de son interview :"les éléments contenus dans cet enregistrement montrent bien l’étendue des dysfonctionnements qui ont affecté ce dossier", confie-t-elle. pour elle, rendre public le contenu de la bande est aussi "un moyen de me protéger" au risque de perdre la confiance de Chantal de Leiris. "Je privilégie la vérité et les raisons qui m’ont conduite à rentrer, un
jour, dans les rangs de la police. Je veux que la justice soit bien
administrée", clonclue-t-elle.