Un mois après l’attentat au Bataclan, Steeve Ndoumbe, membre de la sécurité lors du concert des Eagles of Death Metal a encore du mal à chasser les images de cette nuit tragique. Interviewé par 20 Minutes, il s’est lancé dans les confidences en dévoilant à quoi ressemble son quotidien au jour d’aujourd’hui.
Steeve Ndoumbe est celui qui a ouvert les portes le soir du 13 novembre où les terroristes ont attaqué la salle de concert du Bataclan. Il se trouvait entre la scène et la fosse quand les kamikazes ont commencé à tirer sur le public, en plein concert du groupe californien Eagles of Death Metal. Boxeur amateur, ce jeune homme de 31 ans essaye tant bien que mal de se reconstruire psychologiquement après cette tragédie. 20 Minutes a réussi à avoir une interview avec ce grand gaillard dont voici l’essentiel.
Le quotidien de l’agent après les attentats
Un mois après ce tragique attentat, Steeve Ndoumbe récupère petit à petit et commence à reprendre ses activités doucement et devient moins stressé. "Jusque-là, les choses du quotidien étaient devenues compliquées. Prendre les transports aux heures de pointe, entendre les sirènes dans la rue. Il suffit qu’il y ait un bruit d’arme à feu à la télé et je vais tout de suite moins bien", a-t-il raconté. Le jeune homme n’est pas encore retourné au travail, mais il va en salle pour être entouré de ses amis et arrêter de penser à cette affreuse soirée. Le boxeur est actuellement suivi par des psychiatres qui l’aident à aller mieux.
Comment a-t-il vécu cette soirée ?
Au cours de cette tuerie au Bataclan, Steeve Ndoumbe se trouvait à une vingtaine de mètres de l’issue de secours. Ce membre de la sécurité pensait que les premiers coups de feu faisaient partie du concert du groupe de rock, mais il s’était trompé. "Je cherchais d’où ça venait. J’ai compris quand j’ai vu les étincelles des armes à feu. Les lumières se sont allumées. J’ai vu les personnes tomber une par une", a-t-il raconté. C’est à partir de cet instant qu’il a pris la direction de l’issue de secours accompagné par son collègue. "Et on a indiqué aux personnes de sortir. On a hurlé tant qu’on a pu. Mais quand ils ont compris qu’on faisait évacuer les personnes, ils ont ouvert le feu vers nous", a-t-il poursuivi. À cause des impacts de balles à côté d’eux, ils étaient alors contraints de lâcher les portes. "À partir de là, j’ai remonté la rue. On a croisé une brigade. Tout s’est enchaîné", se rappelle-t-il.
Entre culpabilité, colère et tristesse
En ce qui concerne le fait de revenir travailler au Bataclan, Steeve Ndoumbe est encore dans l’hésitation, car en termes d’émotions, "ce sera compliqué", a-t-il confié. "Quand on a femme et enfant, c’est dur de s’exposer comme ça", a-t-il précisé. Dans la foulée, le boxeur ressent parfois de la culpabilité "de ne pas avoir géré". Et s’il avait une arme avec lui, il aurait pu tirer ou jeter l’arme et se sauver. Depuis le jour de l’attentat au Bataclan, le jeune homme était retourné sur place pour se confronter. "J’ai ressenti de la colère et de la tristesse. Les gens étaient en deuil. Ce sont plus eux qui sont à plaindre que moi au final", a-t-il conclu.
Découvrez l’intégralité de l’interview sur 20 minutes.
Attentats de Paris : Le vigile du Bataclan raconte par 20Minutes