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Une mère est jugée devant les assises d’Ille-et-Vilaine (Rennes) pour avoir étranglé sa fille lourdement handicapée en 2010. Un acte qu’elle a qualifié d’"acte d’amour".
A Rennes, Laurence Nait Kaoudjt, 49 ans, comparaît depuis lundi 14 septembre devant les assises de l’Ille-et-Vilaine pour le meurtre de sa fille handicapée de 8 ans, en août 2010. Elle lui avait administré des neuroleptiques avant de l’étrangler avec une écharpe. Elle avait ensuite tenté de se suicider, en vain. Jugée pour meurtre sur mineure de moins de 15 ans particulièrement vulnérable, Laurence Nait Kaoudjt encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Le récit en pleurs de la mère
Lundi, lors du premier jour d’audience, Laurence Nait Kaoudjt a essayé d’expliquer son geste tout en assumant l’atrocité de l’acte. Un infanticide qu’elle qualifiera d’"acte d’amour" pour cette enfant qu’elle élevait seule depuis sa naissance. En pleurs, elle essayait de raconter la courte vie de sa fille Méline, handicapée moteur cérébrale qui n’avait aucune autonomie et ne savait pas parler.
Elle explique d’abord que ce n’est que 15 jours après sa naissance, le 31 mars 2002, qu’elle se rend compte que son bébé ne la suit pas des yeux, ne bouge pas. Elle avait "un problème à l’hémisphère gauche du cerveau, mais aucune maladie n’a été nommée", souligne-t-elle. "Au début elle dormait dans un petit lit de bébé, puis on dormait toutes les deux ensemble parce que j’avais peur qu’elle tombe...", poursuit l’accusée. Laurence Nait Kaoudjt affirme entre autres que sa fille a été conçue lors d’un rapport non consenti avec un homme avec lequel elle ne vivait pas. Elle a alors choisi de se consacrer à son enfant.
Une mère désespérée
Tout au long de l’audience, Laurence Nait Kaoudjt a dit, les larmes aux yeux, avoir toujours regardé sa fille handicapée avec les "yeux de l’amour" et "jusqu’à son dernier jour". Une émotion qui a même gagné son avocat, Eric Dupond-Moretti. "Elle est très éprouvée … C’est une femme qui est submergée par la difficulté et le handicap de sa fille. C’est un crime et un acte d’amour en même temps", lance l’avocat devant la presse.
Le corps sans vie de Méline a été découvert le matin du 23 août 2010. Sa mère avait avoué lui avoir administré des médicaments, avant de l’étrangler dans son lit à l’aide d’une écharpe. Elle a toujours affirmé avoir tenté de se suicider à diverses reprises dans la nuit du drame, sans y parvenir. Par ailleurs, plusieurs documents attestant sa volonté de mettre fin à ses jours avaient été retrouvés dont un sur lequel elle écrivait : "je choisis librement de partir avec ma fille Méline pour faire le grand voyage, ce choix je l’avais fait depuis longtemps... notre histoire se termine ainsi".
Les psychiatres sont départagés sur son cas
Les experts psychiatres mandatés pour l’examiner se contredisent sur le cas de cette mère que certains décrivent en pleine possession de ses moyens, d’autres comme une femme maniaco-dépressive et ayant des crises de délire. La justice devra donc trancher et déterminer si LaurenceNait Kaoudjt était atteinte d’un trouble psychiatrique grave enlevant son discernement ou lucide au moment de tuer sa fille. Placée sous contrôle judiciaire, elle comparaît libre.