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Eric, le père d’un enfant de 9 ans, entendu par les gendarmes de Villers-Cotterets (Aisne) après une dénonciation pour "apologie du terrorisme", est encore indigné car son fils a été sali.
Quinze jours se sont écoulés. Eric, le père de l’enfant de 9 ans accusé par le personnel de son établissement d’avoir prononcé les mots "Allah Akbar" et "Vive le Coran" pendant la minute de silence en hommage aux victimes de Charlie-Hebdo, n’arrive pas encore à "passer à autre chose". Après que le fait ait été signalé à la gendarmerie, le petit garçon de 9 ans a subi un interrogatoire pendant une heure.
"Nous ne sommes pas foncièrement Charlie"
Lors de son audition avec le gendarme qui lui a demandé s’il était Charlie, l’enfant incriminé qui n’aimait pas les caricatures du prophète a répondu qu’il "condamnait totalement les assassinats des dessinateurs et des journalistes de Charlie-Hebdo" mais qu’il n’était pas Charlie. Eric, de confession musulmane et également père de quatre enfants a alors souligné qu’ils n’étaient "pas foncièrement Charlie". Pour lui, les caricatures du prophète "stigmatisent" également toute une communauté et que cela n’avait aucun sens dans un pays où "on doit vivre ensemble", a-t-il précisé. Selon Eric, l’éducation de son fils se base sur le respect des adultes et de la République française.
Remise en question de son appartenance à la France
Délégué de sa classe, l’enfant de neuf ans est apprécié de ses petits camarades et il avait participé à toutes les activités se rapportant avec les évènements de Charlie Hebdo, a confié le directeur de l’école. Toutefois, il semble avoir bien vécu la situation mais "il risque de la recracher un jour", s’inquiète son père. Ce dernier a ajouté qu’ils étaient français avant de penser à l’éventualité que son fils remette un jour en question son appartenance au pays après ce qu’il a vécu.
"Mon fils a été Sali dans cette histoire"
Le père du petit garçon souhaite alors que la justice agisse pour éclairer les circonstances dans lesquelles son fils a été auditionné. Une plainte a déjà été déposée par son avocat Me Yassine Yakouti pour dénonciation calomnieuse. Une prise de position du maire est également attendue. Eric, qui n’attend pas une réparation financière, a vraiment le sentiment que son fils a été "sali dans cette histoire".