L’audition d’un comptable suisse a révélé aux enquêteurs avoir apporté à l’ancien maire UMP de Corbeil-Essonnes près de 53 millions entre 1995 et 2012. Des révélations embarrassantes pour Dassault.
Le quotidien Libération et France Inter ont dévoilé, lundi 17 novembre, le contenu du procès-verbal de Gérard Limat, comptable de l’ex-maire de Corbeil-Essonnes (1995-2009), Serge Dassault. Les confessions de celui qui se présente comme "l’homme à tout à faire" de Dassault ont permis de mettre au jour un incroyable système de mise à disposition d’argent liquide.
Selon France TV Info, le comptable de nationalité suisse a été "entendu les 6 et 7 octobre par les policiers de l’office anticorruption de Nanterre" puis "Gérard Limat a été mis en examen dans la foulée pour ’complicité de financement illégal de campagnes électorales et d’achat de votes’ et ’blanchiment’", précise Libération et ajoute qu’"il a également effectué pour 4,2 millions d’euros de virements suspects, pour l’essentiel à des habitants de Corbeil, dont plusieurs acheteurs de voix présumés".
Lors de sa garde à vue, Gérard Limay a expliqué : "Je précise que Serge Dassault ne me demandait pas une somme en particulier. Il m’appelait, il me disait qu’il avait besoin de me voir, je comprenais qu’il avait besoin d’argent liquide". La somme d’argent liquide que Gérard Limat dit avoir apporté à Serge Dassault à Paris, était initialement puisé sur des comptes au Liechtenstein, au Luxembourg ou en Suisse, avant d’arriver sur ceux de Cofinor. Selon les enquêteurs, Cofinor est une chambre de compensation dont la spécialité était d’envoyer "où vous voulez dans le monde votre argent que vous lui remettez en Suisse".
Le comptable d’expliquer : "Cofinor me donne un rendez-vous pas trop loin de l’Arc de Triomphe. Le livreur me remet un sachet en plastique passe-partout (Carrefour, Dior, Fnac, etc.), lequel contient l’argent en numéraire entouré de papier journal. Ce n’était que des liasses de billets de 100 euros". Il raconte également aux enquêteurs comment il opérait "je ne voyais jamais l’argent puisque j’allais directement au rond-point, des Champs-Élysées, siège du groupe. Je montais dans le bureau de Serge Dassault, je posais le sac dans un coin de son bureau et immédiatement, on parlait d’autre chose".
"Je n’ai jamais posé de questions et Serge Dassault ne m’en a jamais rien dit", a-t-il encore dit. L’industriel "me disait qu’il avait besoin de me voir, je comprenais qu’il avait besoin d’argent liquide", poursuit Gérard Limat, qui n’établit aucun lien avec l’achat présumé de voix à Corbeil-Essonnes entre 2008 et 2012. L’ancien maire, âgé aujourd’hui de 89 ans, a notamment été mis en examen pour achat de vote, complicité de financement illicite de campagne électorale et financement de campagne électorale en dépassement du plafond autorisé.