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L’Etat français possède une surface agricole considérable pourtant elle importe une part importante de son alimentation. Ce paradoxe a été révélé dans un rapport qui alerte sur la perte progressive de la souveraineté alimentaire.
Depuis plusieurs décennies, la politique agricole française a privilégié les exportations, notamment de céréales et de vin. Cette orientation a permis à la France de devenir un acteur majeur du commerce agricole mondial, mais au détriment de l’autosuffisance alimentaire.
Dotée de 28 millions d’hectares de terres agricoles, la France pourrait largement nourrir l’ensemble de sa population. Pourtant, près de huit millions de personnes vivent en situation de précarité alimentaire. En parallèle, de nombreux agriculteurs peinent à vivre de leur production. Cette situation s’explique par une stratégie orientée vers l’exportation, selon l’association Terre de Liens, qui lance un avertissement sur cette politique dans son rapport.
Selon le rapport, 43% des terres agricoles françaises sont dédiées à la production destinée à l’exportation. Parallèlement, nous importons une part croissante de notre alimentation, notamment en fruits, légumes et produits transformés. Cette dépendance nous rend vulnérables aux fluctuations des marchés mondiaux et aux crises alimentaires.
D’après Coline Sovran de l’organisation « Terre de liens », cette orientation a fait reculer la France du 2e au 6e rang mondial des exportateurs agricoles en 2022. En parallèle, les importations augmentent : un poulet sur deux, 40 % des fruits et un tiers des légumes consommés en France proviennent de l’étranger. L’essor des aliments transformés accentue cette dépendance, car de nombreux ingrédients sont importés, comme la moitié du beurre utilisé dans leur fabrication.
Pour Philippe Pointereau, président de Terre de Liens, la France a déjà cédé une partie de sa souveraineté alimentaire en devenant trop dépendante des marchés internationaux. Il estime que cette dynamique se renforce chaque jour, rendant la production locale moins présente dans l’approvisionnement national. Le projet de loi d’orientation agricole, actuellement en discussion au Parlement, ne remet pas en cause ce modèle et pourrait même en accentuer les effets. Les sénateurs doivent voter le texte le 18 février, juste avant l’ouverture du Salon de l’Agriculture, prévue pour le 22 février.
Ce rapport met en évidence la nécessité d’un véritable changement de cap pour rétablir une production alimentaire plus équilibrée, au bénéfice des agriculteurs et des consommateurs français.