Face aux vives critiques du gouvernement sur la vente d’Opella au fonds américain CD & R, Frédéric Oudéa, PCA de Sanofi, tente de justifier cette décision stratégique.
À la suite du tollé suscité par l’annonce de la cession du producteur de Doliprane, le président du grand groupe pharmaceutique a tenté de calmer le jeu dans une interview livrée aux Échos. Cette intervention fait suite à la demande du gouvernement d’un audit approfondi des aides publiques accordées à SANOFI ces dernières années.
Le ministre de l’Économie, Antoine Armand avait indiqué la "possible présence de l’État au conseil d’administration" d’Opella. Le fabricant de médicaments est le principal distributeur du Doliprane. Cette annonce du membre du gouvernement rajoute une pression en plus sur le laboratoire français.
De son côté, Frédéric Oudéa tente de répliquer dans un magazine d’économie, en précisant qu’il "faut expliquer cette décision de cession de la filiale de santé grand public Opella". La vente de la société, annoncée il y a un an, s’explique par une volonté de renforcer notre cœur de métier. Selon le grand patron du géant pharmaceutique, cette décision stratégique vise à concentrer leurs efforts sur les médicaments biologiques, les maladies rares et les vaccins. Le lancement de nouveaux produits et les investissements importants dans l’ARN messager nécessitent des ressources considérables en recherche et développement, ce qui motive cette réorientation. "Nous ne pouvons pas tout faire, nous aurions été incapables d’apporter à Opella tous les moyens nécessaires à son développement", précise le dirigeant.
Le mardi 15 octobre, le ministre de l’Économie et des Finances s’est déplacé à Lisieux pour visiter le lieu de fabrication du Doliprane en France. Durant son passage dans le site, Antoine Armand a fait une déclaration très symbolique. "Nous sommes prêts à demander des sanctions et l’étude d’une prise de participation" publique "pour que ces engagements soient tenus", a martelé le premier responsable de Bercy. Selon ses déclarations, la cession du groupe entraînerait l’activation de toutes les procédures de vérification des investissements étrangers en vigueur sur le territoire français.
"Tous les sujets sont sur la table, mais l’option la plus efficace, ce sont les engagements que l’on va prendre", riposte le dirigeant français. “Sanofi est un acteur responsable qui a toujours pris en compte son ancrage français.” assure Frédéric Oudéa.
Selon le PCA de Sanofi, la conservation de 50 % du capital d’Opella est essentielle pour préserver l’influence de Sanofi sur les décisions stratégiques de la filiale. Ce partage équitable avec CD & R permet de trouver un équilibre satisfaisant entre création de valeur et gouvernance. Toutefois, il n’exclut pas la possibilité de céder leurs parts à des investisseurs étrangers à l’avenir.