Lors des Assises des finances publiques, Bruno Le Maire a annoncé que les dépenses de santé et les niches fiscales "brunes" seraient particulièrement ciblées.
Lors des Assises des finances publiques, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a présenté sa feuille de route pour les mois à venir, dans le but de redresser des comptes qui ont été affectés par les crises successives. Selon le ministre, "au moins 10 milliards d’économies" ont été identifiées pour rétablir les finances publiques d’ici 2027.
Plusieurs leviers ont été dévoilés par Bercy : la suppression des "chèques exceptionnels", l’engagement dans un processus visant à limiter les arrêts maladies d’ici l’automne, ainsi que le remboursement des "frais de santé liés au confort ou à la facilité". Une autre mesure envisagée est la réduction du coût des aides à l’emploi (apprentissage, CPE, etc.) dans les départements où le taux de chômage est faible et où certains métiers font face à des tensions. De plus, le ministère a acté la fin progressive des avantages fiscaux accordés aux énergies fossiles (gazole non routier agricole et non agricole, transport routier) sur une période de 4 ans.
Ces assises, qui ont été organisées à Bercy à l’initiative du ministre de l’Économie et du chargé des Comptes publics Gabriel Attal, font suite aux revues annuelles des dépenses de l’État, des collectivités et des administrations sociales lancées au début de l’année 2023. Après les aides massives déployées pour faire face aux crises sanitaire et énergétique, Bruno Le Maire a justifié cette nouvelle orientation en déclarant dans le Journal du Dimanche au début du mois de juin : "Il est temps de revenir à la normale. Cela ne signifie pas pour autant l’austérité". L’objectif est de réduire le lourd endettement du pays à 108,3 % du PIB d’ici 2027 (contre 111,6 % fin 2022), afin de se rapprocher des critères européens, et de ramener le déficit public en dessous de l’objectif européen de 3 % (4,7 % fin 2022).
Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement prévoit de réduire les dépenses publiques à 53,5 % du PIB en 2027, contre 57,5 % en 2022. Il mise sur la fin du bouclier énergétique, les gains issus des réformes telles que celle des retraites ou de l’assurance-chômage, le plein emploi et une croissance économique qu’il anticipe plus dynamique après un ralentissement en 2023.
Le temps presse pour Matignon : les règles budgétaires européennes, suspendues pendant la crise du Covid, seront à nouveau appliquées l’année prochaine. De plus, la hausse significative des taux d’intérêt alourdit considérablement la charge de la dette, qui pourrait devenir le principal poste de dépenses de l’État dans un contexte de ralentissement économique. "Ce contexte économique [...] impose des contraintes sur notre équation de finances publiques et renforce l’exigence de réduire les dépenses", tout en préservant les secteurs prioritaires de la transition énergétique, de la santé et de la défense, a expliqué un porte-parole du cabinet de Bruno Le Maire.