Les insectes envahissants causent des dégâts importants au niveau de l’économie mondiale. Selon une étude du CNRS et de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), pilotée par un écologue de l’université Paris-Sud, les insectes invasifs coûtent au moins 69 milliards d’euros par an à l’économie mondiale.
Les scientifiques tirent depuis des années la sonnette d’alarme concernant les dangers des espèces envahissantes : dommages aux biens services, coûts en matière de santé, pertes agricoles… Une équipe internationale de chercheurs, coordonnée par le CNRS, s’est penchée sur l’impact financier des 10 principaux insectes invasifs. Leur étude a été publiée cette semaine par la revue Nature Communications.
Les scientifiques ont estimé à 69 milliards d’euros par an le coût minimal des dégâts causés par les insectes envahissants dans le monde. Parmi les insectes étudiés, le termite de Formose serait l’un des plus destructeurs : plus de 26,7 milliards d’euros par an dans le monde. Cette espèce n’a jamais pu être éradiquée une fois établie. L’étude place également en haut du classement la teigne des choux avec un coût de 4,1 milliards d’euros par an et le longicorne brun de l’épinette, avec un coût de 4 milliards d’euros par an rien qu’au Canada.
Par ailleurs, d’après cette étude, l’Amérique du Nord présente les plus importantes pertes financières avec 24,5 milliards d’euros par an, tandis que l’Europe n’est pour l’instant qu’à 3,2 milliards d’euros par an. Selon les chercheurs, le coût annuel total estimé de 69 milliards d’euros est largement sous-évalué. De nombreuses régions du monde n’offrent pas assez de données économiques pour produire une estimation précise. De plus, l’équipe de chercheurs s’est concentrée sur l’étude des dix espèces invasives les plus coûteuses, sans comptabiliser celles, très nombreuses, qui provoquent moins de dégâts.
Plus de 6,1 milliards d’euros annuels sont notamment dépensés pour faire face aux coûts sanitaires, et ce sans compter le paludisme, dû essentiellement à un moustique présent naturellement, ni le virus Zika. La dengue est la maladie la plus coûteuse, absorbant, dans les seules zones où ces moustiques sont envahissants, 84% des dépenses. Le virus du Nil occidental en représente 15%. D’un point de vue géographique, les régions du monde où les dépenses médicales liées aux dégâts causés par les insectes envahissants s’avèrent les plus importantes, sont respectivement l’Asie (2,55 milliards d’euros par an), l’Amérique du Nord (1,85 milliards d’euros par an) et l’ensemble de l’Amérique centrale et du Sud (1,66 milliards d’euros par an). Les insectes dans leur ensemble pèsent aussi particulièrement sur l’agriculture en s’appropriant 40% des biens de consommation, l’équivalent de ce qui pourrait nourrir un milliard d’êtres humains.
Comment lutter efficacement contre ce fléau ? Selon Franck Courchamp, chercheur au CNRS et directeur de l’étude, la solution n’est pas d’augmenter les doses de pesticide : les insectes finissent toujours par s’y adapter. Il préconise plutôt de renforcer le contrôle des produits agricoles aux frontières pour limiter la propagation des bêtes invasives.
A LIRE AUSSI :
Voir plus de recherches scientifiques