Le magazine Les Inrocks a publié des vidéos d’entreprise tournées un an avant l’affaire Kerviel. Les traders, qui se disent "au-dessus de la loi", y dévoilent à travers des parodies, la culture d’impunité qui règne dans leur milieu.
Les vidéos des soirées de séminaires d’entreprises ont été tournées entre 2005 et 2007, rapporte le site 20minutes.fr qui relaye une publication du magazine Les Inrocks. Sous couvert de la parodie, les traders dévoilent une culture douteuse et un sentiment d’impunité. Ils se disent même "au-dessus de la loi" dans ces vidéos.
Élection du plus grand arnaqueur
Le plus grand truffeur, c’est-à-dire le plus grand arnaqueur de l’année, est élu au cours d’une soirée filmée dans l’une des vidéos. Le premier candidat est vêtu d’un tee-shirt parodique de Brice de Nice. Les trois gobelets sont des produits financiers, et le bouchon, c’est la marge.
"Elle est où la marge ? Ici, non. Ici, non… Elle est dans ma poche !", dit l’animateur. L’assistance se tord de rire devant la scène. Déguisé en mafioso, un trader chante "Comme d’habitude, je vais te truffer, comme d’habitude, je vais encaisser".
Dans la seconde vidéo, une équipe de contrôle débarque dans les locaux de la banque, sautant par-dessus les tourniquets. La bande-son entonne une reprise d’une chanson du groupe 113 : "Au summum, on prend des risques au-dessus des lois, on mise tout, si un bon client se présente, on tente tout".
Puis, l’équipe trouve des traders ivres morts. "Tu sais qui je suis ? Tu sais, ma dernière analyse de risque, quand elle est sortie, ce truc-là, il était pas encore en bouteille", répond un employé.
Ces vidéos ont été filmées et projetées lors de soirées d’entreprise organisées à Djerba, à Paris et à Deauville. Selon Les Inrocks, la Société Générale avait privatisé un Club Med pour 720 de ses salariés. Au programme : balades à cheval et en chameau, massages, danseuses à plumes et soirée blanche, raconte le magazine.
Mardi dernier, Mediapart et Les Inrocks ont fait état d’un possible délit d’initiés autour des pertes attribuées à Jérôme Kerviel. Les magazines interviewent une journaliste financière qui affirme que l’ancien patron de la banque, Daniel Bouton, avait informé plusieurs banquiers concurrents du débouclage imminent des positions prises par Jérôme Kerviel avant l’annonce officielle du scandale. La Société Générale a fermement démenti et a lancé une plainte en diffamation.