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C’est bel et bien signé, Emmanuel Macron ne fait pas confiance au patron de Renault-Nissan. "L’État n’est pas un actionnaire naïf", lance-t-il à l’encontre de Carlos Ghosn.
Carlos Ghosn, l’homme dont il faut se méfier
Les mises en garde contre les agissements de Carlos Ghosn n’en finit pas du côté du clan Macron. Le ministre de l’Economie se veut ferme, le patron de Renault-Nissan ne lui inspire aucune confiance. Emmanuel Macron a laissé clairement entendre qu’il s’opposera à tout projet afin de renforcer l’alliance entre Renault et Nissan en faveur du constructeur japonais. "C’est un sujet d’actionnaire, qui ne relève pas d’un comité exécutif et qui ne saurait être prisonnier des problèmes d’ego. Ceux qui proposent un rééquilibrage des pouvoirs avec un agenda caché prennent le risque d’abîmer l’alliance", avertit Emmanuel Macron, ce vendredi 30 octobre.
Les rumeurs autour de Renault et Nissan
Lors de cette interview aux Echos, le ministre de l’Economie avait fait référence aux rumeurs concernant les actions de Renault. Le constructeur français qui détient actuellement 43,4% de Nissan serait passé sous la barre des 40%. Ceci aurait été fait afin de débloquer les droits de vote du japonais chez Renault, voire permettre à Nissan de monter en capital et de contrer l’influence de l’état. Pour rappel, le groupe japonais ne possède que 15% de Renault et aucun droit de vote. "Pourquoi revenir sur un accord-cadre qui définit parfaitement les relations entre Renault et Nissan depuis 2002 ?", pointe du doigt Emmanuel Macron. D’après lui, "Renault a pris des risques financiers et opérationnels. Maintenant que la situation est meilleure, pourquoi Renault devrait renoncer à l’application des accords historiques ?"
Chacun son poste
Emmanuel Macron appelle à la vigilance par rapport à Carlos Ghosn, le PDG, qu’il accuse de vouloir bouleverser l’alliance entre les deux groupes. Il invite notamment tous les protagonistes de l’histoire à bien différencier les rôles de tout un chacun. "Carlos Ghosn est PDG, pas actionnaire, de même que je représente l’actionnaire et n’ai pas vocation à interférer dans la gestion de l’entreprise. Quand les uns veulent faire le métier des autres, cela ne donne jamais de bons résultats", assure le ministre de l’Economie.
Préserver les intérêts de l’Etat français
Même si Emmanuel Macron déclare avoir avec Carlos Ghosn "une vraie convergence de vues quant à la vision industrielle et le sens de l’histoire", il se dit toujours aux aguets. "L’État n’est pas un actionnaire naïf, de seconde catégorie. L’État est un investisseur de long terme, exigeant", prévient-il. Le ministre de l’Economie en vient alors à défendre le choix de l’Etat de monter au capital du constructeur. "Il ne peut pas y avoir d’un côté des actionnaires familiaux salués pour obtenir des droits de vote double après un an seulement de présence, et de l’autre, un État qui n’aurait pas le droit de défendre ses droits alors qu’il est actionnaire depuis 1945", explique-t-il toujours. Macron assure d’ailleurs que cette pratique n’est pas une forme d’agression mais plutôt un moyen de préserver les droits de l’Etat.