Selon un rapport de l’OCDE, l’écart en baisse depuis 40 ans, recommence à se creuser. En cause, une redistribution qui joue en faveur des plus riches.
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a présenté jeudi matin son nouveau rapport sur les inégalités de revenu. D’après l’organisation, l’écart entre les riches et les pauvres n’a jamais été aussi élevé depuis 30 ans au sein des pays développés. Particulièrement en France où la montée des emplois précaires a aggravé les écarts entre les ménages les plus aisés et les plus pauvres entre 2007 et 2011.
D’après le rapport intitulé "Tous concernés, Pourquoi moins d’inégalité bénéficie à tous", le coefficient de Gini de la France, qui mesure les écarts de patrimoine et de revenus entre les individus, est passé de 0,293 à 0,309 sur cette période. Plus un pays se rapproche de 0 (scénario où tout le monde possède le même revenu), plus il est égalitaire. Au contraire, plus son coefficient est proche de 1 (une seule personne possède tous les revenus), plus l’écart entre riches et pauvres est important.
"Il s’agit d’une rupture importante par rapport à la tendance de long terme, puisque depuis les années 1980, les inégalités étaient relativement stables en France, alors qu’elles étaient en augmentation dans un certain nombre de pays, comme l’Allemagne ou les États-Unis", constatent les auteurs. En 2013 par exemple, la situation s’est légèrement améliorée, l’indice ayant reculé à 0,306.
Face à son résultat moyen, l’Hexagone n’échappe pas à la tendance générale : pendant les premières années de la crise, les 10% les plus riches ont vu leurs revenus continuer à augmenter alors que ceux des 10% les plus pauvres ont baissé. "Les 10% de personnes ayant les revenus les plus faibles ont plus sévèrement subi la crise", relève l’OCDE. Leur revenu a baissé de 1% par an en moyenne. À l’inverse, les 10% de personnes ayant les revenus les plus élevés ont vu leur revenu augmenter de 2% par an en moyenne entre 2007 et 2011.
Pour expliquer l’écart, l’organisation avance que "les inégalités des revenus primaires, dont la principale source sont les revenus du travail, ont augmenté (...) davantage sous la pression des salaires que de celle de la montée du chômage". Le marché du travail a vu l’émergence des "emplois non standards", c’est-à-dire des contrats temporaires, du temps partiel et des travailleurs indépendants. Un tiers de la population en emploi en France était dans l’une de ces situations en 2013, d’après le rapport.
Enfin, la France se situe en outre dans le top 5 des plus fortes hausses, loin derrière l’Espagne, mais en parallèle avec la Suède, la Slovaquie et la Hongrie.