Plus de la moitié de la population mahoraise, 58%, ne maîtrise pas le français à l’écrit. Le pourcentage se situe à 42 % chez les personnes scolarisées, selon une étude de l’Insee publiée jeudi 20 février.
Intitulée « Information et vie quotidienne » (IVQ), une étude de l’Insee rendue publique ce jeudi 20 février révèle au grand jour les difficultés de la population mahoraise à maîtriser la langue française.
L’étude IVQ, menée fin 2012 à l’échelle nationale consistait à mesurer les compétences des adultes, et à évaluer la maîtrise des fondamentaux : écrire, communiquer, compter. Sans grande surprise, l’institut national de la statistique et des études économiques a relevé « de grosses difficultés en français à l’écrit pour une majorité de la population » mahoraise, rapporte Le Journal de Mayotte.
Globalement, plus de la moitié des Mahorais, adultes et en âge de travailler (58%) ne maîtrisent pas le français à l’écrit. De plus, la proportion de personnes scolarisées ne maîtrisant pas le français à l’écrit atteint 41,6 %, tout âge confondu. Ces deux catégories de personnes sont considérées comme illettrées.
A Mayotte, l’
illettrisme reste une réalité bien présente. En effet, selon l’agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI), il s’agit de «
la situation des personnes qui ont été scolarisées dans le cadre de l’école française et qui ne maîtrisent pas les compétences de base en lecture ou écriture pour être autonomes dans des situations simples de la vie quotidienne ».
Les données publiées par l’Insee parlent d’elles-mêmes et témoignent d’une situation préoccupante. Ainsi, près d’un tiers de la population de Mayotte de 16 à 64 ans ne sont jamais allés à l’école. Autre constat, les plus jeunes, qu’ils soient scolarisés ou l’avaient été auparavant, ont plus de difficultés que leurs aînés.
Le Journal de Mayotte se demande si les retraités sont plus bons élèves que la nouvelle génération des moins de 20 ans. Rien n’est moins sûr. Concrètement, les 45/64 ont un meilleur « capital social » que les générations scolarisées après eux. Et pour cause, les seniors avaient été scolarisés à une époque durant laquelle l’enseignement était réservé à une minorité, issue des catégories sociales les plus favorisées, où le français était maîtrisé par l’entourage de l’élève, argumente le quotidien mahorais.
Mais statistiquement, une importante proportion, 77%, des 55-64 ans ont des difficultés à l’écrit, contre 48 % des 16-24 ans. Ces chiffres reflètent les retombées positives de la généralisation de l’enseignement. Seul bémol, les jeunes d’aujourd’hui sont scolarisés massivement, mais la plupart côtoient un cadre familial où les compétences à l’écrit sont relativement faibles. D’après l’Insee, plus de 50 % des personnes en difficulté à l’écrit ont des parents illettrés, qui ne savent ni lire ni écrire.